Travailler pour la paix – le Canada chef de file mondial

Document d’information de la plateforme 2015 du Parti vert du Canada

Le Canada est fondamentalement un pays pacifique. Nous devrions être des participants constructifs dans notre communauté mondiale, en améliorant nos capacités de maintien de la paix et en offrant un engagement international robuste envers les missions de paix et de sauvetage des Nations Unies.  Au lieu de cela, le gouvernement actuel a placé le Canada dans une position dangereuse de missions de guerre mal avisées jumelées avec une mauvaise gestion des actifs des Forces armées. En parallèle, ce gouvernement s’est volontairement engagé dans une campagne de désinformation pour exagérer la menace terroriste à l’endroit des Canadiens et Canadiennes.  

Nos défis en matière de sécurité ont changé : États défaillants, réchauffement climatique, drogues illégales et cyberguerre. En tant que défendeurs des droits de la personne, nous devons soutenir les institutions internationales et joindre les autres nations dans la protection de la sécurité humaine. Un processus de décision ouvert et transparent pourrait prévenir la répétition d’approvisionnements militaires désastreux.

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Presque chaque aspect de notre vie quotidienne a une dimension mondiale. Tous les défis sérieux auxquels nous faisons face – réchauffement planétaire, sécurité énergétique, prolifération nucléaire, terrorisme, pauvreté dans le monde, inégalité économique, commerce d’armes létales alimentant les conflits régionaux – nécessitent une coopération mondiale, des solutions mondiales et un leadership visionnaire et audacieux. C’est tout à notre déshonneur, mais la partisanerie mesquine des Conservateurs de Stephen Harper qui sont centrés sur eux-mêmes a grandement diminué notre réputation au sein de la communauté internationale. Il est plus que temps que le Canada reprenne sa place en tant que chef de file sur la scène internationale.   

Le conflit en Afghanistan qui a duré plus de dix ans, les résultats désastreux de l’engagement du Canada en Libye et maintenant la montée de l’État islamique en Irak et en Syrie confirment aux Canadiens que même les efforts les mieux intentionnés peuvent empirer les choses. Le droit international et les politiques internationales ne sont plus limités aux cadres des États-nations et de la protection de la sécurité d’un pays ou de sa souveraineté. La communauté internationale est maintenant interpellée pour répondre aux allégations des États et des acteurs non étatiques qui fonctionnent par-delà les frontières étatiques. Le pouvoir est de plus en plus fragmenté et désorganisé.

Le Parti vert croit que notre engagement militaire doit être sélectif puisque nous ne pouvons maintenir une force armée capable de se déployer n’importe où, n’importe quand. Surtout, notre capacité de participer à des missions de paix doit être grandement augmentée. Les sondages indiquent que « près de la moitié des Canadiens et Canadiennes reconnaissent que les Nations Unies sont la meilleure option actuelle disponible pour assurer la paix mondiale et la sécurité ».

Le Parti vert s’oppose à la mission actuelle du Canada en Irak et maintenant en Syrie. À travers son incapacité à comprendre la menace posée par l’État islamique, le gouvernement conservateur a engagé le Canada dans des opérations militaires qui ne sont pas dans l’intérêt national du Canada et font peu pour renforcer la paix mondiale et la sécurité. Nous devrions avoir appris les dangers d’une pensée à courte vue de l’action militaire mal avisée en Libye qui a empiré la menace terroriste en Afrique du Nord. Une fois de plus, les conservateurs de Stephen Harper n’ont aucune direction, but ou stratégie de sortie clairs pour la mission en Irak, qui a commencé comme une mission de non-combat et s’est transformée en une mission de combat sur le terrain ―elle inclut maintenant des frappes aériennes à la fois en Irak et en Syrie. Entre temps, les conservateurs refusent de signer le Traité sur le commerce des armes de l’ONU qui réduirait le flux d’armes conventionnelles qui alimentent des conflits tragiques. Les conservateurs n’en font aussi pas assez pour réprimer la circulation de l’argent vers l’État islamique ou d’autres groupes terroristes, ou pour collaborer avec nos alliés pour soulager l’immense souffrance humaine causée par l’action militaire.

Une approche plus responsable en ce qui a trait à la sécurité nationale et internationale nécessite d’aller au-delà de la transparence et de la reddition de compte. Il faut définir avec clarté les intérêts poursuivis par une initiative précise des Forces armées. Le gouvernement ne devrait pas se contenter de notre indifférence.   

Le Canada devrait être un participant actif et constructif dans ce mouvement de mise en œuvre d’un nouvel ordre juridique mondial qui met moins l’accent sur la « sécurité des États », le statut d’État et le territoire, et beaucoup plus sur la « sécurité humaine » : la protection des personnes et des peuples. Nous devrions mener la refonte du droit humanitaire international, du droit de la guerre et de la justice pénale internationale.

La guerre et les missions de paix se sont transformées au cours des dernières décennies. Selon un rapport de 2011, Le fardeau mondial de la violence armée, plus d’un demi-million de personnes meurent chaque année dans des contextes violents, mais seulement 10 pour cent de ces décès ont lieu dans des guerres conventionnelles, et presque tous ces décès sont des pertes civiles. Traiter avec les conflits armés d’aujourd’hui nécessite de conceptualiser de nouveau les notions traditionnelles de guerre et de paix, de conflit politique et de délinquance urbaine. Par exemple, le Conseil de sécurité de l’ONU inclut maintenant de façon routinière la protection des civils dans les mandats de maintien de la paix et demande aux contingents de l’ONU de s’opposer à la violation des droits de la personne. Au Guatemala, l’ONU fournit de l’aide au gouvernement national dans ses enquêtes sur les crimes et la violence, et renforce la capacité institutionnelle plutôt que d’envoyer des forces de maintien de la paix.

Le Canada a tout ce qu’il faut pour contribuer à des moyens pratiques et novateurs de coopération entre civils et militaires et fournir le soutien essentiel pour livrer de l’aide humanitaire et de développement dans des zones de conflit complexes. Nous devrions aussi appuyer la doctrine de la « responsabilité de protéger » des Nations Unies. Lors de l’intervention malavisée en Libye, le Canada, qui initialement se servait de la doctrine de la responsabilité de protéger pour justifier son implication, a changé sa façon de procéder et s’est donné comme but le changement de régime, avec pour résultats un État en déroute qui a permis aux entrepôts d’armes de Kadhafi de tomber dans les mains de groupes terroristes. Malgré ce revers, la doctrine de la responsabilité de protéger recueille de plus en plus d’appui en tant que cadre légal et éthique pour protéger les populations vulnérables des guerres civiles, des insurrections et de la répression des États.

Le Canada a historiquement été une voix dynamique et créatrice en ce qui a trait à la protection des droits de la personne et de l’application du droit international. Cependant, notre expertise diplomatique a été sérieusement minée sous le gouvernement conservateur en plus de notre réputation sur la scène internationale en étant des témoins passifs alors que d’autres s’attaquent à d’immenses défis mondiaux, notamment le réchauffement climatique, la pauvreté de masse, le trafic de drogue, le commerce illégal d’armes (surtout les petites armes létales), la prolifération nucléaire et l’entreposage par dispersion de matériel nucléaire peu sûr. La décision en 2010 de l’Assemblée générale des Nations Unies de choisir le Portugal au lieu du Canada pour siéger au Conseil de sécurité est la preuve de notre perte de statut qui malheureusement se poursuit aujourd’hui.

En fait, le Canada est marginalisé dans la communauté internationale. Entre autres choses, le Canada est le seul membre de l’OTAN qui n’a pas signé le Traité sur le commerce des armes relatif aux armes conventionnelles, le seul pays qui s’est retiré de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, le seul pays à s’être retiré du Protocole de Kyoto, et s’est effectivement désengagé de l’OTAN excepté pour un modeste renforcement en Europe de l’Est pour gérer la crise en Ukraine. Le Canada est le plus grand producteur d’isotopes médicaux du monde, mais notre dépendance continue à l’uranium hautement enrichi (au lieu de l’uranium faiblement enrichi et plus sécuritaire) mine les efforts de la communauté internationale pour fermer les usines de production d’armes nucléaires à la fois par les États et les criminels. De façon plus générale, le Canada n’est plus  souvent invité à des rencontres non officielles où les États discutent de stratégies sur des questions internationales.         

Pendant de trop nombreuses années, notre gouvernement fédéral n’a que peu fait  pour agir avec compétence et de façon multilatérale sur la tragédie de la traite des personnes, un esclavage des temps modernes illégal qui affecte les femmes et les enfants et qui suit de près la drogue et les armes en termes de profits. L’ONU affirme que 2,4 millions d’individus sont victimes de la traite des personnes chaque année. Le Canada a des lois en place pour agir sur les sanctions en hausse de la traite de personnes et pour aider les victimes de cette traite. Pourtant, ce n’est que récemment qu’on nous a annoncé des initiatives prometteuses.

Nous pouvons faire beaucoup pour renverser cette tendance. Le Canada doit s’engager dans un examen des opérations de maintien de la paix et du renforcement de nos capacités, et offrir un éventail efficace de services d’ingénierie, de transport aérien, de reconnaissance et de surveillance, de même que des installations médicales mobiles et d’autres initiatives humanitaires. Nous devons nous réengager dans le contrôle des armes, notamment travailler en fonction de nouveaux règlements sur l’utilisation des drones et des armes robotisées. Nous devrions également nous faire les champions de la Cour pénale internationale. Une fois de plus, nous devons tirer parti de nos relations et améliorer notre voix et notre crédibilité dans les affaires internationales.      

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Dépenses militaires

Comme pour tellement d’autres questions, le gouvernement conservateur a insisté pour présenter les dépenses de la Défense nationale au Parlement avec des mesures administratives avec une transparence inadéquates, des normes éthiques faibles et un contrôle parlementaire très faible. En tout, les dépenses en Défense atteindront un pourcentage sans précédent de 0,89 pour cent du PIB.

Nous pouvons et devons faire mieux en approvisionnement en défense. Même la Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale, qui a enfin mené à l’octroi de 33 $ milliards en contrats de construction navale en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique au début de 2012, semble ne plus tenir la route. La Marine n’a plus de navire pour faire le plein de nos frégates en mer. Les missions de recherche et sauvetage sur la Côte Ouest dépendent d’avions construits dans les années 1960. Nous avons tenté sans succès de remplacer nos hélicoptères Sea King depuis 1983. Et nous n’avons que récemment remplacé les fusils achetés en 1947 pour les Rangers canadiens!

Le Parlement doit avoir une surveillance grandement accrue des dépenses pour la Défense nationale. Le gouvernement fédéral a finalement créé un secrétariat spécial mené par le ministère des Travaux publics et supervisé par un comité de deux sous-ministres pour surveiller et gérer l’achat d’avions-chasseurs. Le gouvernement s’est aussi engagé à fournir au Parlement des mises à jour annuelles sur l’approvisionnement en défense. Si ces changements institutionnels sont un pas dans la bonne direction, une transition fondamentale dans l’attitude des représentants élus pour gagner la confiance de la population canadienne prendra beaucoup plus de temps.

Comment en sommes-nous arrivés au fiasco des F-35? Comment est-ce que la propriété canadienne de F-35 fait-elle la promotion de la sécurité nationale et internationale? Il semble maintenant clair que le choix d’un tel avion sophistiqué a été dicté par les hypothèses de l’Armée américaine selon lesquelles, d’ici trente ans, la Chine aura atteint la parité militaire avec les États-Unis. Le Canada a choisi d’acheter des F-35 dans l’espoir de remporter des contrats pour notre industrie aérospatiale en tant que sous-traitant du Pentagone. Mais la décision a été prise sans aucune considération sur le fait que les F-35 remplissaient ou pas nos besoins en sécurité.

Au Canada, notre gouvernement fédéral ne s’est engagé dans presque aucune discussion, à tout le moins pas ouvertement, à propos des raisons derrière l’achat d’avions F-35 jusqu’à ce qu’il soit obligé de le faire en avril 2012 à la suite de la publication du rapport du Vérificateur général. La population canadienne a été sans cesse induite en erreur à propos des coûts et des buts de ces achats. Si les Canadiens et Canadiennes avaient été au courant dès le début des hypothèses à long terme derrière cet achat, ils auraient envoyé un message clair à leurs députés selon lequel l’intérêt national canadien ne serait pas servi en investissant des milliards dans un scénario qui nous aurait conduits dans une guerre avec la Chine avant le milieu du siècle. À la place, nous devons nous occuper de nos vraies responsabilités nationales comme garder nos immenses côtes avec des communications et une surveillance grandement améliorées, et équiper une force militaire souple pour offrir notre assistance dans des points chauds de la Planète. Une discussion ouverte sur ce dont nous avons réellement besoin mènerait à un soutien pour d’autres options que les F-35, comme moderniser nos vieux avions F-18, investir dans des drones de patrouille pour affirmer notre souveraineté, et utiliser tout avion de combat moderne acheté pour défendre les villes canadiennes, ce qui nécessiterait de changer leurs bases vers des emplacements moins éloignés.  L’achat d’aéronefs à voilure fixe pour la recherche et le sauvetage est bloqué depuis des années. Nous devons solliciter des propositions pour fournir ces avions et donner la priorité aux soumissions faites par des fabricants canadiens.

L’état de préparation du Canada le long de nos longues côtes, surtout dans l’Arctique, laisse beaucoup à désirer [Le vrai programme sur la sécurité – Préparation aux urgences et sécurité publique]. Nous sommes actuellement en train de construire une installation maritime à Nanisivik. Après un long retard, trois de nos quatre sous-marins sont finalement en état de naviguer, mais ne sont pas entièrement capables d’opérations sous la glace. Nous avons aussi besoin de façon urgente d’améliorer notre capacité de surveillance en région éloignée. Même si nous ne pouvons égaler les efforts de l’Agence de projets de recherche avancée de la Défense américaine qui finance des technologies de pointe pour des appareils de surveillance futuristes, nous ne devons pas nous contenter de stratégies militaires médiocres.

Sur un autre front, une nouvelle menace à la sécurité des réseaux informatiques implique le piratage des activités gouvernementales. La Russie a paralysé la Géorgie en 2008 en bloquant les communications nationales. La Chine et d’autres pays investissent d’immenses sommes d’argent dans leur cybercapacité afin de paralyser un pays dans un conflit futur et de miner sa capacité à organiser une réponse militaire d’envergure : son système bancaire, la surveillance des aéroports, son système de services d’urgence, même ses feux de circulation peuvent être bloqués. La Chine a piraté le Conseil national de recherche, et a possiblement compromis les avancées technologiques et la propriété intellectuelle du Canada. Déjà, d’autres pays ou des groupes extrémistes ont infiltré avec succès des parties du système de renseignements du Canada, à la fois les gouvernements et les entreprises. Nous devons être bien mieux préparés à nous défendre.