Avis de décès de mon père

Elizabeth May

Nous avons appris aujourd’hui la triste nouvelle du décès du père d’Elizabeth May : Nous ressentons tous cette tristesse. Les pensées suivantes sont celles d’Elizabeth May.

Mon père, John May, est décédé tôt ce matin. Son nom de baptême était John Walter May, mais après 25 ans de mariage, il avait adopté officiellement le nom de famille de ma mère en tant que deuxième nom.  John Middleton May est ainsi décédé à environ 7 h ce matin, heure du Cap Breton. Il avait 89 ans.

Au cours des dernières années, il était atteint de démence grave. Mon frère Geoff et son épouse Rebecca Lynne se sont magnifiquement occupés de lui. Geoff a fait bien au-delà de ce qui était nécessaire pour l’aider à vivre dans sa maison le plus longtemps possible.

Ce qu’il était et ce qu’il a fait se sont volatilisés bien avant sa mort physique. Il était un homme merveilleux. Doux, gentil et très réfléchi. Il a grandi en tant qu’enfant unique avec un couple âgé qui avait depuis longtemps perdu espoir de donner la vie. Affirmer que sa mère n’était pas sentimentale est peu dire. Il adorait nous raconter qu’elle lui disait : « John, est-ce que tu ne fumeras et ne boiras jamais en plus d’être efféminé toute ta vie? »

Intellectuellement parlant, il était exigeant et a développé un esprit brillant dans le domaine de la comptabilité – sa profession. Il faisait preuve d’esprit civique. Le travail de mon père au sein de comités de la municipalité où j’ai grandi a mené à la protection de terres humides et de terrains qui ont fait de Bloomfield au Connecticut une communauté plus verte aujourd’hui que les communautés avoisinantes qui ont succombé à l’étalement urbain. Il a aussi travaillé fort à un programme de bourses pour des jeunes de quartiers défavorisés. À l’âge de 48 ans, il a décidé de quitter la culture entrepreneuriale et son emploi en tant que vice-président adjoint et caissier pour l’entreprise Aetna Life à Hartford au Connecticut pour déménager toute sa famille sur l’île du Cap Breton.

Il n’a jamais regretté sa décision. Sa passion pour les miniatures militaires ne s’est jamais démentie durant toute notre enfance et durant les derniers jours de sa vie. Nous avons rejoué la bataille de Waterloo où mon frère aux commandes prenait les traits de Napoléon et mon père les traits du duc de Wellington. Il avait peint les soldats de la tête jusqu’à leurs chaussettes d’argile d’Écossais des Hautes-Terres. Une fois devenu un Cap-bretonnais, il a appris le gaélique et est devenu un ardent promoteur du tourisme local.

Il m’a aussi totalement soutenu dans mon travail au sein du mouvement environnemental. Il a joué un rôle majeur dans la lutte contre l’épandage d’insecticide dans les années 1970. Il disséquait le discours des entreprises de pâte en démolissant leurs arguments. Quand l’industrie affirmait que sans épandage, il n’y aurait plus de bois, ce qui entraînerait la fermeture de l’usine et enlèverait le travail de 2000 personnes, il expliqua à la télévision que : « Même en utilisant les chiffres de l’industrie, il y aurait suffisamment de bois pour les quarante prochaines années. » 

Nous avons lutté contre la destruction des tordeuses de bourgeons par pulvérisation, l’extraction minière de l’uranium, l’agent orange et essayé de garder le pétrole et le gaz en dehors du fleuve Saint-Laurent. Durant cette lutte, mon père a dit quelque chose de très intelligent et révélateur. Il a dit : «  Tu sais, je crois que j’ai préféré la Deuxième Guerre mondiale. » Mon père avait grandi en banlieue de Londres et avait connu la routine des bombardements-éclairs et de la mort de voisins. Je lui ai demandé : Comment peux-tu préférer la guerre ?»

Il m’a répondu : « Tu sais, à cette époque, nous sentions vraiment que le gouvernement était de notre côté. » 

Ces anecdotes ne sont que des fragments de ce qu’était John May comme citoyen, père et ami. Ironiquement, hier, lors du Jour du Souvenir, j’ai publié le portrait de mon père fait par son père pour une affiche des obligations de la Deuxième Guerre mondiale. Je vais publier une photo plus récente de mes parents et de mon frère dans notre boutique de cadeaux.        


Mon frère et moi-même savons que son âme est maintenant libérée de la vie sans qualité qu’il menait depuis quelques années. J’espère que, peu importe ce qui suit la vie sur Terre (s’il y a quelque chose au-delà, ce que je crois) mon père a son esprit et la joie de retrouver ma mère, ses parents et tous ceux qu’il aimait et qui ont déjà commencé cette autre étape de la grande aventure qu’est la vie