Que faites-vous samedi?

Elizabeth May

Je sais que vous avez déjà marché avant. Vous avez aussi éteint les lumières pour l’Heure de la Terre, remplacé vos ampoules, pris l’autobus et signé des pétitions. Tout cela pour dire que je sais que vous n’êtes peut-être pas tellement chaud à l’idée de participer à une autre « journée d’action » en cette fraîche journée d’automne. J’écris ce blogue pour vous exhorter à annuler tous vos projets ce samedi et à vous rendre sur le site 350.org pour connaître les activités prévues dans votre communauté et vous organiser pour y aller.

Il nous reste moins de deux mois avant le commencement des négociations sur les changements climatiques à Copenhague. La première phase de Kyoto, de 2008 à 2012, tire à sa fin. Les gouvernements n’ont pas tenu compte des mises en garde formulées par la communauté scientifique en 2007, à l’époque des négociations entourant l’accord de Kyoto. Le Protocole de Kyoto issu des négociations n’était qu’une version diluée des actions nécessaires à l’époque, sans compter que les États Unis ont quitté la table avant la ratification (au moins, ils n’ont pas violé la loi internationale). Le Canada est la seule nation ayant signé et ratifié le Protocole à avoir répudié ses objectifs. Nous sommes le seul hors-la-loi climatique au sein de la communauté internationale.

Pendant ce temps, les mises en garde de la communauté scientifique gagnent en certitude et en volume. Nous avons laissé les émissions de gaz à effet de serre s’élever à 30 % au-dessus de tous ce que la Terre a connus au cours du dernier million d'années. Soit, l’atmosphère de la Terre affichait une concentration de dioxyde de carbone plus élevée au cours de l’autre million d’années précédent, mais c’était à l’Âge des reptiles. Les premiers humains n’étaient pas encore apparus. En tant qu’espèce, nous nous sommes épanouis et avons développé une vaste gamme d’habiletés artistiques et scientifiques grâce à un climat favorable et à une abondance de ressources, que nous sommes sur le point d’anéantir.

Pour éviter ces redoutables « points de basculement » dans l’atmosphère, pour éviter le réchauffement climatique galopant, les émissions de gaz à effet de serre doivent commencer à baisser au plus tard en 2016. Pour y parvenir, un nouveau traité mondial doit être conclu entre tous les principaux responsables de ce problème de manière à ce que ce nouveau traité puisse prendre effet dès que la première phase de Kyoto prendra fin, à la fin de l’année 2012.

Voilà toute l’essence de la 15e Convention des parties à Copenhague.

Les leaders sont loin de faire preuve de leadership. L’Union européenne et les États Unis disent à présent ne pas vouloir que la prochaine phase soit basée sur Kyoto. Cette position poussera la Chine (qui affiche à l’heure actuelle une meilleure performance que le Canada dans la lutte contre les changements climatiques) à quitter la table. Entre temps, le Canada ne ménage aucun effort pour atteindre son premier objectif : protéger l’expansion débridée des sables bitumineux.

Il n’est pas question de politique. L’atmosphère n’est pas encline à négocier avec l’humanité. L’atmosphère réagit et envoie des signaux clairs. Les gaz contribuant au réchauffement de la planète émis aujourd’hui contribuent également à mettre en œuvre un processus qui entraînera inévitablement des perturbations climatiques.

Aujourd’hui, le Parlement a trahi la population de la manière la plus abjecte qui soit. Les libéraux ont choisi d’appuyer les conservateurs, qui réclamaient la prorogation des audiences sur le projet de loi C 311, la Loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques. L’an dernier, sous le leadership de Stéphane Dion, les libéraux avaient appuyé ce projet de loi émanant d’un député du NPD. Aujourd’hui, ils ont plutôt choisi d’aider les conservateurs à empêcher cet excellent projet de loi de faire l’objet d’un vote avant la tenue des négociations à Copenhague. Nous avions besoin de ce projet de loi pour envoyer un message clair au reste du monde sur le sentiment général des Canadiennes et des Canadiens à l’égard de nos responsabilités internationales.

À présent que les libéraux reculent devant la prise de mesures concrètes, malheureusement, le NPD semble se réjouir d’avoir un nouveau bâton pour frapper les libéraux, et les conservateurs semblent bien déterminés à saboter les négociations. Que sommes-nous sensés faire?

Samedi, sortez de chez vous. Où que vous soyez, sortez et marchez. Marchez pour vos enfants et leurs enfants. Marchez et réclamez des changements tandis qu’il est encore temps d’opérer la transition vers une économie à faible concentration de carbone. Exigez des cibles contraignantes. Exhortez le gouvernement du Canada à modifier sa position avant qu’il n’aille miner des négociations qui s’annoncent déjà ardues.

Ces manifestations n’ont pas besoin d’être énormes. Vous n’avez aucune excuse. Le samedi 24 octobre 2009, sortez et participez à la Journée internationale de l’action pour le climat.