Une invitation pour le Jour de la Terre

Elizabeth May

En réfléchissant à la question l’autre jour, je me suis aperçue que le 22 avril prochain marquerait le 40e anniversaire du Jour de la Terre. J’étais en 10e année lorsqu’a eu lieu le tout premier Jour de la Terre, en 1970. Je me souviens d’avoir produit des brochures pendant toute une journée pour ensuite quadriller le quartier et sensibiliser les gens. À l'époque, la menace d’eutrophisation par les phosphates contenus dans les détergents, le DDT et les pluies acides constituaient les grands dossiers de l'heure.

Dans toute l’Amérique du Nord, le premier Jour de la Terre fut surtout souligné avec des séminaires. C’était l’idée du sénateur Gaylord Nelson et de Denis Hayes. L’objectif en était un de sensibilisation et d’éducation. 

Depuis, ces menaces se sont résorbées – le DDT a été interdit, les phosphates dans les détergents ont été interdits, et les sept provinces de l’Est se sont engagées à réduire le dioxyde de soufre de moitié. Les États‑Unis ont même adopté la norme canadienne en plus de s’engager à le réduire de moitié, ce qui a largement contribué à éliminer le spectre de l’acidification de nos lacs et rivières.

Après des débuts modestes, le premier Jour de la Terre est devenu un événement annuel. Il a même été marqué par des dîners somptueux et de fabuleux concerts avec de grandes vedettes internationales. Le magazine Vanity Fair s’est mis à produire des éditions vertes pour l’occasion. Un peu de sensationnalisme est venu modifier la nature du Jour de la Terre, qui était surtout populaire.

Et nous voici, quarante ans après le premier Jour de la Terre. Nous pouvons célébrer de nombreuses victoires, mais la vérité est que nous n’avons jamais été aussi près de la catastrophe. La crise climatique dépasse largement toutes les autres menaces environnementales que nous avons connues jusqu’à présent. En fait, la menace qu’elle représente est si grave que l’adjectif « environnementale » n’est pas tout à fait juste. On devrait plutôt parler de menace à la survie de notre civilisation. Pourtant, les gouvernements embellissent la situation et ne font rien. Le gouvernement Harper ne comprend même pas la science et certains éléments des médias proclament qu’il n’existe pas de données scientifiques solides.

Nous devons retrouver l’esprit du premier Jour de la Terre. À l’approche de la date limite pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, rappelons-nous que la date à laquelle nous devrions avoir réduit nos émissions de 80 à 90 % en dessous des niveaux de 1990 est 2050 – dans quarante ans. Nous sommes donc à une croisée des chemins fort intéressante. Nous sommes exactement à mi-chemin entre le premier Jour de la Terre et l’année à laquelle nous devrions essentiellement être une société libérée des émissions de carbone.

J’espère que les verts de l’ensemble du pays s’organiseront ou se joindront à des événements pour souligner le Jour de la Terre, comme des séminaires pour sensibiliser les gens à la question du climat, aux technologies vertes et à la science, pour apprendre à réfuter les allégations des gens qui osent encore nier les changements climatiques et pour s’informer sur d’autres questions et ainsi parvenir à créer l’élan sur lequel pourront s’ouvrir les négociations de la CdP16 à Mexico.

Nous avons quarante années de réussites à célébrer, mais nous devons aussi établir les bases qui permettront à nos enfants de célébrer quarante autres années de réussite en 2050.