Wade Davis appuie les verts; les verts appuient les efforts de Wade Davis pour protéger les Sources sacrées

Elizabeth May

Samedi soir à Vancouver, le Parti vert recevait un appui extraordinaire et triomphant de l’anthropologiste Wade Davis. En 2009, Wade Davis a été l’un des conférenciers de la très renommée série Massey. Depuis plusieurs dizaines d’années, les travaux de Wade portent sur les menaces qui pèsent sur les peuples en péril – les populations indigènes du Sarawak et de l’Amazonie. Samedi dernier, lors d’une présentation inspirée, il nous expliquait comment il se sent aujourd'hui comme s’il faisait partie d’un de ces peuples en péril. Imperial Metals planifie un mégaprojet de mine d’or et de cuivre dans sa bien-aimée Stikine Valley, tout près de chez lui.

J’ai déjà parlé de a mine Red Chris dans ce blogue par le passé, mais pour ses conséquences néfastes sur le droit environnemental plutôt que pour ses conséquences sur l’environnement. Mines Alerte Canada, représenté par Ecojustice, a porté l’affaire jusqu’en Cour suprême du Canada. Un mégaprojet minier comme celui de Red Chris aurait dû faire l’objet d’une étude d’impact approfondie, mais le ministère des Pêches et des Océans a esquivé l’étude en décrivant le projet comme un simple « projet d’infrastructure » plutôt que comme une mine. La Cour suprême du Canada a déterminé que le gouvernement Harper n’avait pas le droit de procéder de la sorte – soit étudier les impacts de la mine en réduisant la portée des impacts et en ignorant la mine. Mais même si la Cour suprême a jugé que le gouvernement avait enfreint la loi, elle a autorisé le projet minier de Red Chris et réprimandé le gouvernement en le sommant de ne pas recommencer. C’est ainsi que le gouvernement Harper a décidé de modifier le droit en matière d’évaluation environnementale de manière à ce que, à l’avenir, il puisse décrire un projet comme bon lui semblera. Le gouvernement Harper a enfreint la loi puis a modifié la loi pour pouvoir refaire même petit jeu aussi souvent qu’il le voudra. Dans un sens, le gouvernement Harper enfreint la loi en permanence, puisqu’il l’a modifiée de manière à ce qu’aucun autre projet n'ait à subir une étude d’impact approfondie.

Pendant ce temps, qu’en est-il de la mine Red Chris? Et bien la Première nation locale, la nation Tahltan, parle de la région envisagée pour le projet minier comme celle des « Sources sacrées » -- le point de départ de trois grandes rivières à saumons, soit la Stikine, la Nass et la Skeena. Des barrages seront érigés sur les cours d’eau, condamnés à devenir des dépôts de déchets toxiques. Wade nous a montré une impressionnante collection de diapositives d’une beauté à couper le souffle, témoignant d’une vie sauvage abondante et diversifiée. La région abrite la plus grande population de mouflons de Stone sur la planète ainsi que de nombreux grizzlis, orignaux et caribous. Il a conclu sa présentation avec un argument massue : aucun des bureaucrates ayant approuvé le mégaprojet minier n’a jamais mis les pieds dans la région.

La perte de cette beauté sauvage époustouflante, pendant que le processus décisionnel est pris d’assaut par le gouvernement le plus antienvironnemental de toute l’histoire du Canada, ne trouve malheureusement aucun écho dans les médias, qui ne s’intéressent qu’au registre des armes d’épaule et aux longs formulaires. À défaut de nous mobiliser pour défendre les Sources sacrées contre leur destruction assurée, quand nous émergerons enfin de l’âge des ténèbres marqué par le règne du gouvernement Harper, et nous en émergerons un jour, nous prendrons acte de la destruction de tous ces paysages spectaculaires et de la mort de toute cette faune irremplaçable... et nous regretterons amèrement d’avoir payé ce prix ultime.