Référendum sur le VUT – les leçons qu’on peut en tirer

Elizabeth May

C’est une triste journée pour la démocratie. Le résultat du vote en Colombie-Britannique n’a causé aucune surprise après l’énorme campagne de désinformation des derniers mois. La campagne pour le « NON au VUT » a usé de manœuvres alarmistes, diffusant à la télévision des annonces publicitaires adroitement réalisées véhiculant l’image d’un électeur dont le choix s’étiolait dans une série de points de suspension. Les électrices et les électeurs se sont fait répéter ad nauseam sur un ton menaçant que s’ils votaient en faveur du VUT, ils risquaient de ne plus savoir pour qui ils avaient réellement voté.

Le NPD a probablement doublé son facteur hypocrisie dans cette élection. Le NPD de la Colombie-Britannique a mené une campagne sans merci contre la taxe sur le carbone, en plus de tacitement soutenir la campagne contre la représentation proportionnelle. Heureusement, cette tentative cynique d’augmenter leur capital de vote en réagissant de manière impulsive contre la taxe sur le carbone s’est soldée par un échec. Néanmoins, la « feuille de vigne » à laquelle s’apparente la taxe sur le carbone de la Colombie-Britannique ne peut justifier le triste bilan environnemental et le programme bancal de Campbell dans ce dossier. Le NPD a laissé tomber une bonne partie de son électorat environnemental et, malheureusement, le parti ayant proposé la meilleure plate-forme environnementale dans la province, les Verts de la Colombie-Britannique, dirigés par la très talentueuse Jane Sterk, n’ont pas réussi à être perçus comme aptes à concurrencer les deux principaux partis. Il faut changer cette perception – et elle changera lorsque nous parviendrons à faire élire des Vertes et des Verts pour la toute première fois à la prochaine élection fédérale. En effet, nous remporterons une élection, et ce, en dépit du système majoritaire uninominal.

Entre temps, nous continuerons de collaborer avec des groupes non partisans comme le Mouvement pour la représentation équitable au Canada, afin de plaider en faveur de réformes démocratiques. La démocratie est en péril lorsqu’une minorité d’électrices et d’électeurs parviennent à remporter une majorité de sièges. C’est là le plus gros risque, et cela n’a rien à voir avec le fait que le VUT puisse avantager les Verts lors d’une élection. L’un des principes fondamentaux de la démocratie consiste à s’assurer que chaque vote est compté.

Nous devons tirer des leçons de l’expérience de la Nouvelle-Zélande et continuer de plaider pour l’instauration d’une commission d’enquête parlementaire nationale, comme l’a fait la Nouvelle-Zélande. On ne peut pas s’attendre à la pleine participation du public pendant une élection. La participation et la sensibilisation doivent commencer bien avant le déclenchement d’une élection. À prime abord, les assemblées citoyennes peuvent sembler démocratiques, mais elles laissent dans l’ignorance une grande partie de la population jusqu’à ce qu’elles soient parvenues à trouver « la réponse ». Entre temps, la majorité des citoyennes et des citoyens n’a jamais entendu la question.

L’élimination du système majoritaire uninominal au Canada est aussi inévitable que l’arrivée des éoliennes. Il suffit de tirer des leçons de nos campagnes valeureuses, mais vaines, et de saisir notre chance au moment où les Canadiennes et les Canadiens se questionnent à savoir pourquoi le taux de participation au scrutin est aussi faible et pourquoi aussi peu d’électrices et d’électeurs sont convaincus que leur vote fera une différence.

La démocratie n’est pas un sport de salon. Nous devons nous lever, nous engager et participer pleinement si nous voulons donner un nouveau souffle à la démocratie canadienne et de nouveaux espoirs à l’électorat.