Des relations équitables comme mode de commerce

Elizabeth May

Je ne bois que du café équitable, certifié biologique. Cette habitude ne fait évidemment pas partie d’un régime inspiré du 100 mile diet. Ce café me permet simplement de rester éveillée, mais savoir qu’il est certifié équitable ajoute au plaisir qu’il me procure.

Aujourd’hui, j’ai visité Level Ground, une entreprise de torréfaction de café qui tient beaucoup à un petit mot qui suit parfois l’expression « commerce équitable ». Voilà en effet un torréfacteur qui, plutôt que de viser avec l’aide d’un courtier à obtenir le meilleur prix possible pour son café biologique équitable, cherche à faire du « commerce équitable direct » avec les producteurs de café.

Vous ne serez sans doute pas surpris si je vous dis que ce qui a retenu mon attention lorsque j’ai vu pour la première fois un présentoir de café de Level Ground (ce présentoir avait été installé pour la foire de Saanich qui se tenait la fin de semaine de la fête du Travail), ce fut ce qu’on pouvait y lire à propos de leurs politiques de gestion du personnel. Il faut savoir en effet que les membres du personnel de Level Ground reçoivent un boni s’ils se rendent à leur travail en utilisant un moyen de transport qui permet de réduire les gaz à effet de serre. Les plus gros bonis sont obtenus si l’on se rend au travail à pied ou à vélo, mais des bonis sont également accordés aux membres du personnel qui utilisent le transport en commun ou le covoiturage.  Cette entreprise a également adopté d’excellentes politiques en matière de recyclage et de réutilisation et, comme vous pouviez vous y attendre, fait appel à des normes environnementales locales très élevées. À elle seule, l’utilisation de contenants réutilisables pour les achats de café en vrac permet d’éviter de jeter l’emballage de quelque 40 000 livres de café chaque année. Voilà qui n’est pas mal.   

Mais ce qui permet à cette entreprise de vraiment se démarquer, c’est l’importance qu’on y met à établir de bonnes relations avec les producteurs de café, leurs familles et les collectivités. Level Ground apporte son soutien à plus de 3 000 familles de producteurs de café réparties dans 5 pays : la Colombie, le Pérou, la Bolivie, la Tanzanie et l’Éthiopie. Cette relation privilégiée permet entre autres à des femmes habitant des villages situés à l’autre bout de la planète de profiter de soins de santé. Et puisque cette relation a été établie sur le long terme, les producteurs de café peuvent planifier leurs opérations en tenant compte des achats équitables de Level Ground. Cela permet bien sûr d’apporter un peu de stabilité dans leur revenu familial. Level Ground paie ses producteurs en moyenne 50 % de plus que les courtiers en café traditionnels et plus de 25 % que les courtiers en commerce équitable. Je ne veux pas insinuer ici qu’il y a quelque chose de « pas nette » dans la croissance que connaissent les marques de commerce équitable. Le commerce équitable permet de faire augmenter le prix offert aux producteurs de café, il n’y a aucun doute là-dessus. Ce que j’affirme, c’est que pour être véritablement équitable, le commerce de denrées comme le café, le chocolat et les bananes exige l’élimination du maillon intermédiaire, à savoir, le courtier qui empoche un profit au milieu du processus, un profit qui se fait sur le dos des producteurs de café.  

Bâtir des relations d’égal à égal demande du temps et suppose que l’on fasse moins d’argent. Mais c’est à ce prix que l’on parviendra à construire un monde véritablement équitable.

Les produits de Level Ground sont offerts à la grandeur du Canada par l’entremise de Dix mille villages et localement dans de multiples autres commerces. Vous obtiendrez plus de détails sur le site www.levelground.com. Qui vous a dit qu’il était impossible de réussir en traitant les gens de façon équitable?