Est-ce le bon moment pour une course au leadership du Parti?

Elizabeth May

On peut lire depuis quelque temps sur les blogues du Parti vert et ailleurs de nombreuses allégations concernant la course au leadership du Parti.

J’ai tenté de me tenir éloignée des discussions entourant cette course depuis que l’on a commencé, l’automne dernier, à débattre du moment où une telle course devrait avoir lieu.

Il est temps de vous faire part de quelques-unes de mes réflexions à ce sujet. En 2006, j’ai présenté ma candidature pour être chef du Parti pour un mandat de deux ans. Les changements importants qui avaient été proposés à la constitution du Parti lors de cette AGB incluaient une proposition visant à fixer à quatre ans la durée du mandat du chef. Je m’étais opposé à l’ensemble de ces changements et j’avais fait part publiquement de mon opposition. Les changements proposés me semblaient précipités et mal ficelés. Finalement, ces changements furent adoptés, et je fus élue chef du Parti. J’avais alors obtenu un mandat de quatre ans, lequel se termine à la fin du mois d’août 2010. Quant à la « sécurité d’emploi », la constitution du Parti permettait de destituer le chef à n’importe quelle réunion du Conseil par un vote des deux tiers.

Certaines discussions en ligne laissent supposer que j’aurais fait des efforts pour prolonger mon mandat. Ce n’est absolument pas le cas. Je me suis tenue éloignée du débat des membres du Conseil sur ce qui devrait survenir à la fin de mon mandat, à un moment où des élections fédérales sont susceptibles d’être déclenchées. Les changements apportés par Élections Canada aux règles régissant le financement des courses à la direction des partis politiques ont des répercussions bien concrètes dans le fonctionnement des partis. Les avis juridiques obtenus par le Conseil ont établi que pour se conformer aux modifications apportées en 2003 à la Loi électorale du Canada, un chef de parti devrait, par prudence, démissionner s’il souhaitait se présenter de nouveau à une course au leadership de son parti. Le Conseil a examiné une série de mesures susceptibles d’être prises et a, à cet égard, effectué du bon travail. Les solutions proposées par la majorité du Conseil aux membres du Parti sont justes et représentent un effort important pour résoudre le problème. Adopter ces propositions permettrait non seulement de régler les problèmes pour le futur immédiat, mais contribuerait à résoudre ceux que devront affronter les prochains chefs du Parti dans un contexte où la date des élections générales est impossible à prédire.

Qu’arrivera-t-il si les membres du Parti optent pour une course au leadership? Pour ma part, j’accepterai la décision de nos membres, quelle qu’elle soit. Cet incroyable élan vers l’avant que représente notre parti est une œuvre en devenir. Nous sommes à tracer de nouvelles voies et si nos membres décident qu’il est préférable de tenir une course au leadership tous les quatre ans, quelles que soient les circonstances, je jugerai leur décision comme étant la bonne et je participerai à la course au leadership afin de faire encore progresser ce parti.

Les politiques de ce pays ont besoin de changements et nous, du Parti vert, sommes furieusement engagés à faire parler les idées et la démocratie. Le Parti n’a pour ainsi dire pas de « patron »... et c’est ce que nous souhaitons. Nous privilégions les débats, et c’est la raison pour laquelle nous progressons d’année en année.

Je suis fière de ce que j’ai accompli comme chef de ce parti. Lors des élections de 2008, le Parti vert du Canada est le seul parti à avoir augmenté le nombre de votes qu’il a reçus. Et cette augmentation n’est pas marginale puisque notre pourcentage de votes est passé de 4 % à près de 7 %. Ce résultat est d’autant plus extraordinaire que lors de cette élection, le taux de participation des Canadiennes et des Canadiens avait atteint des bas historiques. Même si, traditionnellement, nous misions sur un taux de participation élevé pour obtenir de bons résultats, nous avions reçu plus de 10 % des votes dans plus de 40 circonscriptions, des résultats bien supérieurs aux résultats que nous avions obtenus en 2006.

Lors de la course au leadership du Parti, j’avais promis que j’encouragerais la diversité ethnique au sein du Parti et celle de nos candidates et candidats. Je m’étais également engagée à impliquer davantage les jeunes dans notre parti (souvenez-vous qu’au moment de la course au leadership, le Parti n’avait aucune aile jeunesse). Notre équipe de candidates et de candidats est maintenant infiniment plus diversifiée et inclusive, et notre parti peut compter, avec les Jeunes verts, sur une aile jeunesse devenue désormais essentielle.

Je vous avais aussi promis l’élaboration d’un ensemble d’orientations politiques supportées par des recherches plus rigoureuses. Nos efforts ont abouti à la publication de notre Vision verte. Pour la première fois, nous avons mis en place des plateformes électorales entièrement chiffrées et mises à jour.

J’avais également promis qu’à la première occasion, je participerais à une élection partielle de façon à ce que notre parti soit pris plus au sérieux. C’est ce que j’ai fait, en participant à l’élection partielle tenue dans London-Centre-Nord. En faisant passer le pourcentage de votes obtenus entre janvier et novembre 2006 de 5 % à 26 %, nous avons pratiquement remporté un siège au Parlement. Cette quasi-victoire a changé notre parti de fond en comble.

Il reste encore bien des choses à débattre à propos de notre parti et de ses objectifs. Un renouvellement à la tête du Parti ne serait pas une mauvaise chose et je suis ouverte à l’idée. Cela dit, je suis convaincue que je serai chef de notre parti lors des prochaines élections et que nous remporterons des sièges.

La question la plus importante à laquelle il faut réfléchir est la suivante : « Pourquoi faudrait-il voter pour le Parti vert? » Autant pour nous que pour les Canadiennes et les Canadiens, il nous faut trouver des réponses à cette question. Nous ne pouvons nous contenter de ces réponses intéressées que les autres partis offrent aux électeurs. Nous ne pouvons nous contenter de leur fournir les réponses creuses de politiciens du type : « vous devez voter pour nous parce que nous sommes les meilleurs... ou les plus intelligents ». Il faut que ces électeurs votent pour nous parce qu’ils désirent changer les politiques de ce pays.

Nous devons nous engager si fermement envers le changement de culture des politiques canadiennes qu’il faudra considérer la partisannerie à outrance comme un relent du passé. Pour parvenir à réaliser les changements les plus urgents, nous devons nous engager à travailler avec les membres des autres partis qui partagent nos propres points de vue.

Tout au haut de la liste des problèmes importants à régler se trouve la crise climatique. Le fait que nous devions considérer la crise climatique comme étant la première des priorités n’est pas lié à une question de marketing politique ou de stratégie. C’est une question de fait. Il nous reste très peu de temps pour réaliser les changements radicaux qui devront être apportés pour que l’humanité puisse se libérer de sa dépendance aux combustibles fossiles. Les verts doivent être à la tête de ces changements.

Les verts sont conscients que la fin de cette dépendance aux combustibles fossiles est directement liée à l’économie et qu’il faut, pour parvenir à se libérer de cette dépendance, élaborer une politique énergétique. Nous savons qu’au cœur des valeurs prônées par les verts se trouvent la justice sociale et l’égalité et que la transformation de l’économie vers des sources d’énergie renouvelables et plus efficaces ne peut survenir dans un pays où si peu de gens possèdent un travail véritablement enrichissant et où trop de personnes vivent dans la pauvreté.

Notre Vision verte renferme un ensemble de politiques intégrées et réalisables. Une course à la direction pourrait nous aider à expliquer notre vision aux Canadiennes et aux Canadiens.

Vous connaissez maintenant ma position à la veille de notre AGB. Je ne tente pas de prolonger mon mandat. Si une course au leadership est déclenchée, je quitterai mon poste à la fin du mois d’août, je me lancerai dans la course avec comme objectif d’obtenir un nouveau mandat comme chef du Parti.

Le Parti vert est le seul parti au Canada à avoir régulièrement amélioré sa place dans le classement des partis politiques de notre pays. Nos divergences ne sont rien par rapport à tout ce qui nous unit. Notre AGB sera pour nous un événement important et positif, qui nous permettra de renouveler nos énergies, bien au-delà de ce qui pourra survenir des motions qui seront débattues. J’espère de tout cœur vous y rencontrer!