Il n'y aura jamais assez de sirop d'érable dans le monde...

Elizabeth May

On a pu entendre sur les ondes de CBC ce matin que dans un effort ultime pour s’attirer des votes et remporter un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies, des diplomates canadiens distribuaient des bouteilles de sirop d’érable en forme de feuille d’érable.

Peut-être que notre gouvernement n’a pas bien saisi les préoccupations des nations du monde. Peut-être aurait-il gagné quelques votes si le gouvernement Harper avait daigné envoyer un membre de son cabinet à la réunion d’urgence convoquée à Rome en juin 2008 pour parler de la crise alimentaire au lieu de laisser son ambassadeur en Italie y assister sans lui donner de directives. Cela en dit long sur les préoccupations du Canada pour les pauvres et les affamés de ce monde.

Peut-être aurions-nous aidé notre cause si nous avions répondu à l’appel des Nations Unies pour des Casques bleus en République démocratique du Congo. Nous étions jadis les premiers à collaborer aux missions de maintien de la paix dans le monde. Aujourd’hui, nous occupons la 56e place. De 3000 soldats déployés par le passé, nous en avions à peine 57 en 2009.

Peut-être aurions-nous fait quelques gains si nous avions respecté nos engagements en matière de lutte contre la pauvreté en Afrique. Peut-être aurions-nous eu davantage de succès si au lieu d’envoyer du sirop d’érable le premier ministre Harper n’avait pas ignoré la réunion spéciale sur les changements climatiques à l’Assemblée générale pour se rendre à une séance de photos au Tim Horton au lieu de rester pour livrer son discours.

Je me souviens d’une fois, il y a de cela très longtemps, alors que j’étais encore au Sierra Club, je discutais avec un député conservateur – ou était-ce une députée conservatrice? – lorsque Stephen Harper était chef de l’opposition. Je ne dirai pas son nom; je ne voudrais surtout pas lui attirer les foudres du premier ministre.

Je voulais savoir si les conservateurs, après leur accession au pouvoir, s'engageraient d’une quelconque façon à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Je n’ai jamais oublié la réponse – peu importe que Kyoto soit faisable ou pas, le député ou la députée affirmait qu’il n’y avait aucune chance que les conservateurs appuient une quelconque action en ce sens, puisque Stephen Harper « considérerait toujours Kyoto comme une chose de l’ONU ».

Donc peu importe combien de bouteilles de sirop d’érable nous distribuons à la dernière minute, et peu importe la sincérité du plaidoyer livré par le premier ministre devant l’Assemblée générale il y a deux mois, les actions sont toujours plus éloquentes que les mots. Les actions du gouvernement Harper ont mené à ce résultat – pas leurs paroles, ni celles de Michael Ignatieff lorsqu’il a dit ce que tout le monde savait, soit que notre réputation sur la scène internationale était pleine d’accrocs après quatre ans et demi de politiques du gouvernement Harper.

Nous récoltons ce que nous avons semé. Espérons que nous avons atteint le nadir de la réputation internationale du Canada. Engageons-nous à redevenir le pays que nous étions jadis, avec un premier ministre et une Chambre des communes qui comprennent comment jouer un rôle constructif dans la grande famille des nations.