Le dossier chaud de l'année 2011 pour moi? L'emballement du climat

Elizabeth May

Il
s'avère plus difficile que prévu de choisir un seul dossier digne
de porter la superétiquette de « dossier
le plus chaud de l'année 2011. » Les élections du mois
de mai ont apporté plusieurs changements au Parlement. Chaque parti
a été transformé à jamais – pour le meilleur ou pour le pire.
Les deux partis qui ont le plus souffert de ces élections, le Bloc
et le Parti libéral, ont même vu leur chef perdre leur siège,
tandis que Stephen Harper célébrait sa majorité nouvellement
acquise (avec seulement 39 % des suffrages). Quant au NPD, il
jubilait au sommet de la vague orange, ravi de son nouveau statut de
parti de l'opposition officielle. Enfin, les verts ont vu leurs
efforts récompensés par une percée longuement espérée. Avec mon
élection comme députée de Saanich Gulf Islands, les
verts avaient enfin élu une députée.

Aussi
importants que puissent être ces événements politiques, je crois
qu'aucun ne pourrait être qualifié de
« dossier le plus chaud de l'année 2011. » Le
printemps arabe mériterait d'ailleurs davantage cette étiquette,
puisqu'il est venu chambouler l'échiquier politique du monde arabe.
Mais pour moi, je crois que le dossier le plus chaud de l'année est
celui dont personne n'ose parler. L'année 2011 a encore battu des
records en ce qui a trait aux phénomènes météorologiques
extrêmes, et la plupart sont le résultat de changements climatiques
d'origine humaine. Bien entendu, l'événement le plus dévastateur,
le tsunami japonais conjugué à la catastrophe nucléaire de
Fukushima, n'avait rien à voir avec les changements climatiques.

Quoi
qu'il en soit, la famine en Afrique du Nord, provoquée par des
sécheresses record, l'inondation exceptionnellement longue qui
a submergé la Thaïlande, le Laos et le Vietnam ainsi que
l'évacuation de quartiers entiers de la ville de Manhattan en raison
d'ondes de tempête exacerbées par l'élévation du niveau de la mer
ont marqué l'année 2011 et mis en relief les impacts de la
crise climatique.

Au
Canada, les phénomènes météorologiques extrêmes ont
fait de l'année 2011 la deuxième année la plus chère pour les
assureurs. Dans toute l'histoire du Canada, jamais inondation n'avait
submergé autant de terres arables que les inondations survenues dans
les Prairies, qui se sont étirées d'octobre 2010 à la fin
juillet 2011. D'autres inondations dévastatrices ont également
frappé le Québec.

Les
feux de forêt provoqués par des
conditions exceptionnellement arides ont détruit le tiers de
Slave Lake. Pour la majeure partie de l'été, le Canada a connu
des vagues de chaleur historiques. Sans compter que les fontes des
glaces estivales de l'Arctique ont presque atteint de nouveaux
records.

Je
pourrais continuer ainsi, car la liste est
longue, mais le dossier le plus chaud de l'année selon moi est le
refus aveugle de relier les points et de décrire les événements
attribuables aux changements climatiques pour ce qu'ils sont. Cessons
de parler des ravages ou des soubresauts de « mère Nature. »

La
fréquence accrue des phénomènes
météorologiques attribuables aux changements climatiques cadre avec
le modèle établi et, du point de vue humain, s'explique par les
niveaux sans précédent de gaz à effet de serre présents dans
l'atmosphère.

Ainsi,
pour la petite histoire politique, le dossier le plus chaud
est sans contredit le retrait officiel du Canada du Protocole de
Kyoto; mais le dossier le plus chaud de l'année 2011, toutes
catégories confondues, est celui où s'accumulent de plus en plus
rapidement toutes les pertes provoquées par la crise climatique et
le fait que, contrairement au kamikaze qui se fait exploser dans une
région trouble où les médias sont à l'affût de toute
« déclaration de responsabilité », tout le monde nie et
refuse aveuglément de pointer du doigt le responsable. Ces
catastrophes n'ont plus rien de « naturel »; en effet,
leurs causes sont connues et notre gouvernement s'est engagé sur une
voie qui ne fera qu'exacerber ces causes d'année en année.