Les verts dénoncent l'absence d'étude pour Old Harry

OTTAWA – Le Parti vert du Canada a obtenu une copie de
la lettre envoyée par le ministre de l'Environnement Peter Kent au
président et premier dirigeant de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des
hydrocarbures extracôtiers, Max Ruelokke, dans laquelle le ministre Kent
rejette la recommandation de Ruelokke, qui proposait de soumettre le projet de
forage exploratoire de Corridor Resources Inc. dans le golfe du Saint‑Laurent
à une commission d'examen en vertu de la Loi
canadienne sur l'évaluation environnementale
(LCEE). La chef des verts
Elizabeth May a réagi avec vigueur en apprenant que l'exploitation du
gisement Old Harry, situé dans le golfe du Saint-Laurent, ne ferait pas
l'objet d'une étude d'impact environnementale adéquate. Les activités de forage
pourraient commencer dès l'an prochain.

« Old Harry aurait dû faire l'objet d'une
étude d'impact environnementale exhaustive afin de bien cerner les impacts
économiques, sociaux et environnementaux et pour permettre aux intervenants, y
compris les ONG, les pêcheurs, l'industrie du tourisme et les Premières
nations. Nous sommes extrêmement déçus que le ministre Kent ne fasse rien,
hormis un examen très sommaire du projet; c'est tout à fait inadéquat. Notre
gouvernement manque à ses obligations envers les Canadiennes et les Canadiens
en ne procédant pas à une étude exhaustive de ce projet », a dénoncé May.

Kent souligne dans sa lettre que l'ensemble des
activités pétrolières et gazières dans le golfe du Saint-Laurent sera examiné
lors de la révision de l'Évaluation environnementale stratégique du secteur
extracôtier de l'Ouest de Terre-Neuve et du Labrador. Le Parti vert souhaite
que cette évaluation stratégique soit remplacée par une commission d'examen
conjointe fédérale-provinciale offrant une tribune à chacune des cinq provinces
concernées et au grand public ainsi qu'un budget pour permettre aux Premières
nations, associations de pêcheurs, organisations touristiques et regroupements
écologistes de financer des études indépendantes.

« Kent n'a offert aucune précision sur le
déroulement du processus », a ajouté May. « On ne peut pas risquer un
déversement majeur dans le golfe du Saint-Laurent; ce serait catastrophique.
Toutes les activités d'exploration et d'exploitation [pétrolière et gazière], y
compris Old Harry, doivent faire l'objet d'un moratoire jusqu'à la
réalisation d'une étude d'impact environnementale plus exhaustive. »

À titre de députée pour Saanich-Gulf Islands, May
a d'ailleurs adressé une question le 16 juin au ministre de
l'Environnement Peter Kent en Chambre au sujet de l'exploitation
pétrolière et gazière dans le golfe du Saint‑Laurent, en soulignant
l'importance de la région : « Je parle de la très biologiquement
productive région du golfe du Saint-Laurent, qui abrite plus de
2 000 espèces marines, y compris le rorqual bleu, dont la survie est
menacée. Or, voilà que l'on parle de construire un puits de pétrole en eaux
profondes dans cette région, qui touche à cinq provinces. » Elle a
demandé à Kent s'il accepterait de créer un groupe de travail conjoint, soit le
plus haut niveau d'évaluation de l'ACEE. Il avait alors confirmé avoir reçu une
demande en ce sens de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures
extracôtiers et promis d'examiner les faits dans sa décision.

« Le fait est que le projet Old Harry n'est
pas bon pour le Canada atlantique », a dit Janice Harvey,
porte-parole des verts en matière de pêches. « Il met en péril une région
marine extrêmement productive et sensible, avec des aires de frai, de
croissance et de migration pour le homard, le hareng, le crabe des neiges, le
maquereau, le thon, le démersal, la baleine et le dauphin. Des espèces fragiles
comme le saumon de l'Atlantique, la morue et le loup atlantique, le rorqual
commun et le rorqual à bosse sont jugées "préoccupantes". La baleine noire,
le pluvier siffleur, la tortue luth et l'arlequin plongeur sont des espèces en
péril. À la lumière de la catastrophe survenue dans le golfe du Mexique,
comment le gouvernement du Canada peut-il envisager d'accorder tous les feux
verts à ce projet sans d'abord examiner dûment tous ses impacts? »

« Les Premières nations sont contre
l'exploitation pétrolière et gazière dans le golfe du Saint‑Laurent et estiment
que ce projet à courte vue, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses,
va à l'encontre de tout ce que nous savons sur la sensibilité de cette
région », a ajouté Lorraine Rekmans, porte-parole des verts en matière
d'affaires autochtones.

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