(OTTAWA) - Le premier et dernier budget de Joe Oliver, ministre de Finances, présente un ramassis de promesses électorales, plutôt qu’un plan cohérent et prudent esquissant l’économie de l’avenir.
« Tout cela nous ramène aux priorités, » souligne Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich-Gulf Islands. « L’administration Harper est prête à dépenser plus d’argent pour les célébrations du 150e anniversaire du Canada que pour la crise de l’éducation chez les Premières Nations. Il est remarquable que, dans un budget préparé sept mois avant l’échéance des négociations d’un traité complet sur le climat, les mots ‘changements climatiques’ ne soient même pas mentionnés ».
Elizabeth May poursuit : « Ayant mis tous ses œufs dans le même panier depuis si longtemps, l’administration Harper a réagi aux bas prix du pétrole comme un lapin devant un phare allumé : il a retardé le budget de plusieurs mois, tout en négligeant les possibilités économiques. Dans l’exposé prébudgétaire du Parti vert, nous avons pressé le ministre de réagir rapidement pour donner l’élan nécessaire aux secteurs de notre économie qui profitent d’un dollar faible, en particulier le tourisme, la production de films et de télévision et le secteur manufacturier. Bien que le budget reconnaisse le tourisme comme un secteur important de notre économie, aucun fonds n’y est alloué. C’est le même premier ministre qui a annulé toutes les publicités sur le marché américain qui visaient à promouvoir le Canada comme destination touristique. Nous avons donc perdu la chance d'accroître notre visibilité comme destination avant la saison d’été 2015. »
Bruce Hyer, chef adjoint et député de Thunder Bay -Superior North, exprime sa déception à l’idée qu’il y ait beaucoup d’argent alloué à la guerre en Syrie, au cyberfiltrage sur les citoyens canadiens, plus de subventions aux groupes pétroliers, aux constructeurs automobiles et aux pêcheries de l’Atlantique, mais rien pour les industries forestières et touristiques dans le nord de l’Ontario.
Ken Melamed, porte-parole du Parti vert en matière de finance et candidat dans West Vancouver-Sunshine Coast-Sea-to-Sky-Country, commente : « Ce qui est étrange à propos de ce budget est la quantité de textes consacrée aux ministères et aux programmes qui ne reçoivent aucun fonds. Il est surprenant de voir deux pages consacrées à Parc Canada, mais aucune annonce de fonds; même omission pour les coopératives financières, l’infrastructure numérique, le cadre de protection du consommateur en regard des banques, de même que la santé mentale. Parallèlement, on ne devrait même pas disposer de la plus grande partie des nouveaux fonds, comme celui des infrastructures municipales, avant encore deux ans. Des engagements budgétaires commençant en 2017 sont un peu forts de la part d’un gouvernement à la veille d’une élection. »
M. Melamed continue : « Ces prévisions budgétaires portent des lunettes roses pour prévoir un taux de croissance constamment plus élevé que celui établi dans le plus récent rapport du directeur parlementaire du budget, les dépenses les plus compromises étant celles devant commencer en 2017 ».
Les engagements de financement qui doivent entrer en vigueur au cours de l’exercice financier 2017-2018 comprennent : le transport en commun, des fonds rehaussés pour le ministère de la Défense nationale et davantage de fonds pour la Fondation canadienne pour l’innovation.
« L'administration Harper a poursuivi ses largesses aux industries polluantes, comme les sables bitumineux et l’énergie nucléaire, » dit Daniel Green, chef adjoint du Parti vert du Canada. «Contrevenant aux propres engagements du premier ministre au G-20 de cesser de subventionner ces carburants fossiles, le budget 2015 ouvre une toute une nouvelle catégorie de déductions pour amortissement accéléré afin de promouvoir la fracturation et le GNL. Pour compenser la procédure accélérée des projets de carburants fossiles, ils ont rehaussé les fonds de l’Office national de l’énergie et de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale, de façon à effectuer des examens de projet d’oléoducs et de carburants fossiles. Ils agissent comme si l’administration Harper savait qu’il y aurait plus de déversements au fur et à mesure des projets de développement. »
Deborah Coyne, conseillère principale en matière de politiques auprès de Mme May, fait remarquer que tout un train de mesures est futile sans une direction fédérale claire visant à garantir une intervention coordonnée avec les provinces. Ainsi, pour éliminer les obstacles internes au commerce, la direction fédérale doit prendre des mesures beaucoup plus efficaces que la création d’un Bureau de promotion du commerce intérieur d’Industrie Canada. Celui-ci ne fera qu’« appuyer » l’examen tant attendu de l’encombrant et inefficace Accord sur le commerce intérieur (ACI) qui date de 1995. Le même manque d’initiative fédérale cruciale en accord avec les provinces ressort de la mince référence aux exigences de l’harmonisation de la formation et de la certification.
« Dans notre fédération, il est insensé de consacrer des sommes aux stages et à l’apprentissage sans qu’Ottawa ne collabore effectivement avec les provinces et les territoires pour mettre au point une démarche nationale rationnelle. Cette logique s’applique également aux montants versés aux immigrants pour la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger sans garanties d’harmonisation avec les provinces. Il en va de même des modifications des prestations fiscales pour le revenu de travail, cas où les engagements provinciaux sont vitaux si l’on veut garantir que les PFRT fonctionnent de manière harmonieuse avec l’accès aux avantages et services provinciaux. Enfin, une annonce de 2 M$ pour une consultation sur les troubles du spectre autistique, sans que le ministre de la Santé n’en prenne la direction en travaillant avec les provinces et les territoires pour resserrer les normes nationales des services de santé, est risible. »
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