Désolée. Le titre de mon blogue n’a jamais été si peu inspirant. C’est le fait d’être plongée dans les discussions onusiennes pendant toute une journée.
La séance plénière du matin a porté sur deux nouveaux documents déposés -- une ébauche de décision d’un des coprésidents du groupe de travail ou GPD (Groupe de travail spécial de la plateforme de Durban pour une action renforcée) et une ébauche de texte de possibles « éléments de l’ébauche du traité ».
La réponse initiale des pays en développement a été d’en ajouter (le G-77 et la Chine), ceux-ci soulignant qu’ils ne s’attendaient pas à un « texte propre » (c’est-à-dire un texte sans parenthèses présentées comme d’autres options). On a repoussé l’idée que cette approche semblait celle du haut vers le bas, alors que les délégués veulent plutôt construire un consensus de la base vers le haut.
Les coprésidents ont rétorqué qu’ils ne s’attendent pas à ce que les parties puissent s’entendre sur les éléments, ici, à Lima. Cela arrivera à Paris. Leur proposition d’une ébauche de décision équivaut, selon eux, à ce que les parties ont dit sur ce qui doit être fait à Lima.
Avec un brin d’ironie, le coprésident a suggéré que si les négociateurs veulent plus de temps pour débattre les « éléments », qu’il fallait accepter l’ébauche de décision négociée du GPD telle quelle et que « nous pourrions passer les quatre prochains jours sur les éléments ». Probablement pas.
Les séances plénières n’autorisent que les gouvernements nationaux à discourir. En coulisse, cependant, des discussions plus positives ont cours au niveau sous-national, un terme qui englobe les villes, les provinces et les États. Une lune de miel s’est instaurée entre les ministres de l’Environnement de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec, et entre les secrétaires à l’Environnement (ou leurs hauts fonctionnaires) de la Californie, de l’Oregon et du Montana.
Tous ces gens se sont entendus sur le fait que les gouvernements sous-nationaux peuvent bouger plus rapidement que les gouvernements nationaux. Matt Rodriguez, en tant que secrétaire à la Protection environnementale de la Californie, affirme ainsi que : « lorsque vous liez la moitié de l’économie du Canada à celle de la Californie, cela est certainement très réel ».
Même si la ministre de l’Environnement de la C.-B., Mary Polak, a discrédité sa position en affirmant que les exportations de gaz naturel liquéfié obtenues de la fracturation seraient bonnes pour le climat, elle a tout de même fait un bon travail en pulvérisant le mythe selon lequel un politicien ne peut être réélu après avoir imposé une taxe sur le carbone. Son gouvernement a été réélu deux fois depuis l’imposition de cette taxe. Le fait que la taxe soit carboneutre a aidé, nous a-t-elle avoué. La somme de 1,2 $ milliard a été recueillie grâce à la taxe l’an dernier et 1,2 $ milliard a été retourné dans les poches des contribuables de la Colombie-Britannique sous forme de réductions d’impôt et de crédits pour personnes à faible revenu.
Le ministre québécois, David Heurtel, a plaidé avec force pour une action beaucoup plus ambitieuse, tout comme le ministre de l’Environnement de l’Ontario, Glen Murray. Le politicien ontarien a souligné la hausse du coût de la vie en raison du peu d’action entreprise pour faire face au réchauffement climatique. Trois années de sécheresse en Californie ont fait augmenter les prix des aliments en Ontario, alors que les effets des changements climatiques ont rendu les réseaux d’aqueduc et les systèmes d’égout dépassés, faisant entrevoir des coûts à la hausse du déficit des infrastructures.
Les six politiciens nord-américains étaient positifs à propos des progrès obtenus jusqu’à maintenant à Lima et se disaient optimistes quant à l’adoption d’un traité à Paris. Mes collègues qui assistent à ces rencontres depuis plusieurs années sont cependant moins optimistes. La somme de travail encore à abattre rappelle aux vétérans des COP sur le climat où nous étions l’année avant Copenhague. Et nous savons comment tout cela a changé.