Au cours des 75 derniers jours, je suis sur la défensive. Je suis face à l’obsession du vote stratégique.
J’ai déjà parlé de la façon dont nous favorisons la coopération et de la façon dont nous avons demandé aux libéraux et aux néo-démocrates de coopérer avant les élections. Malgré mes efforts, cela n’a pas influencé les tenants du vote stratégique.
Le discours des médias renforce constamment l’idée qu’il n’y a que les partis gagnants qui valent la peine que l’on vote pour eux. Et le risque de voir Stephen Harper rester en poste stimule la peur de certains citoyens qui n’hésiteront pas à faire les compromis nécessaires sur leur bulletin de vote. La peur est un phénomène puissant. Elle entrave la raison et le jugement.
J’ai toujours voulu que l’on se débarrasse de Stephen Harper – les verts veulent un nouveau gouvernement et de préférence, un gouvernement minoritaire. Nous travaillons à réaliser ce but lorsque nous encourageons chaque Canadien et Canadienne à voter, peu importe le parti pour lequel ils voteront. Et nous visons ce but lorsque nous soulevons des questions pour que les gens soient informés au lieu de lancer des affirmations partisanes.
Dans la plupart des endroits où je vais, on me pose des questions sur le vote stratégique. Je parle alors du besoin d’interpeller les Canadiens et Canadiennes qui n’ont jamais voté ou ceux qui ne le font plus. Je crois qu’il y a un lien entre la colère généralisée à l’endroit des politiques de Stephen Harper et l’augmentation considérable du vote par anticipation. J’espère et je crois que nous verrons une plus grande participation le jour du scrutin. Une des principales raisons qui font dire aux gens que les verts sont des perturbateurs politiques est le discours des médias selon lequel nous n’avons aucune chance de gagner, de toute façon. Cette façon de penser rejette entièrement le fait que chaque député a une influence dans notre système de gouvernement. J’ai certainement montré la valeur du travail d’un député vert dans le dernier gouvernement, et cela s’est déroulé lorsque nous avions un gouvernement majoritaire sous la direction de Stephen Harper. Le prochain parlement sera probablement minoritaire. Les candidats verts élus seront les mieux placés pour obtenir un consensus et collaborer avec les autres partis.
Lorsque je parle de « tir fratricide », je fais référence à certains de nos candidats les plus forts qui sont en position de gagner dans une circonscription où les conservateurs ne sont pas favoris. Pourtant, il y a encore des voix qui s’élèvent pour voter stratégiquement pour l’un des deux gros partis d’opposition. Le mouvement Votons ensemble, par exemple, montre une préférence pour le NPD ou pour les libéraux, selon la circonscription (et pas toujours avec des données de sondage pour justifier ses affirmations). Je peux simplement voir dans tout cela que nos amis ne comprennent pas qu’un député vert votera avec les libéraux ou les néo-démocrates sur des motions de confiance, ce qui les rendra aussi efficaces contre les députés de Stephen Harper. En fait, les verts sont même plus efficaces en ce sens puisque nous favorisons la coopération bien avant la partisanerie. Vous pouvez nous faire confiance pour mettre les intérêts supérieurs du Canada bien avant la politicaillerie. J’ai été la première chef de cette campagne à dire que je demanderais au gouvernement général d’examiner une coalition si les résultats électoraux nous donnent un gouvernement minoritaire conservateur. Thomas Mulcair et Justin Trudeau disent qu’ils ne soutiendront pas un gouvernement minoritaire de Stephen Harper, mais ils ne manquent jamais une occasion de se nuire l’un l’autre. Dans les élections de 2006 et de 2008, leur parti n’a pas coopéré alors qu’ils ont eu la chance de remplacer le gouvernement de Stephen Harper.
Je lance un appel à quiconque défend le vote stratégique. En général, dans une démocratie, il est bon de voter pour qui vous voulez. En particulier, là où il est clair que nous pouvons avoir un candidat vert qui a de fortes chances de gagner, comme dans les circonscriptions du nord de Vancouver et sur l’île de Vancouver, et dans celles de Fredericton et de Guelph (toutes les circonscriptions où le mouvement Votons ensemble a été très actif pour mobiliser le vote), il vous faut examiner si le candidat vert est une bonne option. Nous avons encore le temps de changer la vague et de la mener contre la peur et le compromis. Soyez optimiste. Réfléchissez à la fierté éprouvée d’avoir un représentant fort qui porte les couleurs des verts. Et puis votez avec votre tête et votre cœur, et incitez les gens autour de vous à aller voter!