Autour de nous, Paris bruisse de manifestations bruyantes à haut voltage (courant sur de l’énergie renouvelable, bien sûr !) Aujourd’hui, Al Gore s’est adressé à un groupe de jeunes gens, Leonardo di Caprio et Robert Redford ont rencontré des centaines de maires au centre-ville de Paris, Elon Musk (de Tesla) a appelé le monde à laisser les carburants fossiles dans notre poussière (virtuelle) tandis que Mark Carney et Mike Bloomberg ont réclamé une meilleure gestion des risques liés au carbone.
Entre-temps, Claire Martin et moi avons manqué tout cela — et plus. Nous sommes enlisées au sommet des vraies négociations. Le Groupe de travail ad hoc sur la plateforme de Durban pour une action renforcée… ou ADP.
À l’heure actuelle, je pense au Groupe de travail ADP comme à un lieu où le jeu est en train de mourir. Nous n’avons même plus l’autorisation d’entrer dans la salle… une première pour moi à une COP et je suis autorisée par mon gouvernement. Il y a deux salles surpeuplées à disposition où les négociateurs surveillent leurs collègues qui prônent tel crochet ou telle date de mise en service. C’est étrange, mais au moins ils peuvent communiquer par Wi-Fi. Quelquefois, cela devient savoureux, lorsque Claudia, l’impressionnante négociatrice vénézuélienne, dit à Ahmed d’Algérie (coprésident de l’ADP), sur un ton diplomatique qu’il pourrait prendre ce paragraphe et « aller au diable avec lui, merci ».
Néanmoins, nous sommes des soldats. Les principaux délégués canadiens des négociations (3 par pays) avancent de bons arguments pour l’inclusion d’une transition équitable pour les travailleurs déplacés, ou la justice climatique, et l’inclusion des enjeux relatifs aux répercussions sur les peuples autochtones.
Les négociations ont atteint un moment crucial. D’ici midi (heure de Paris) demain, les négociateurs doivent avoir un texte tout nouveau prêt à être transmis à toute la COP, avec des ministres arrivant tôt, pour négociation finale et approbation. Est-ce que je pense qu’ils l’auront fait d’ici midi? Je ne le pense pas…
Nous recevons des documents plus courts maintenant – 38 pages au lieu de 54, mais le texte est toujours aussi plein de crochets. Dans l’un de ses moments ses plus poétiques, le négociateur brésilien a comparé les crochets du texte au dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Une forme de pollution…
Mais c’est une autre cause… luttez contre les crochets ! Livrez un texte propre !