La présente Conférence de l’ONU sur le Changement climatique (COP) n’est ni bonne ni mauvaise. Cela fait des années que je dis qu’ils existent « des bonnes COPS et des mauvaises COPS ». Le jeu de mots est facile, particulièrement quand on pense à l’excellent long métrage québécois Bon cop, Bad cop. La présente COP est la première COP, à Bonn.
Ce sera une bonne COP, tant que tout ira bien. Cela fait des dizaines d’années que les COP sont remplies de rebondissements. Par exemple, en 2005, à la COP11 de Montréal, on a réussi à s’entendre - malgré la tentative de sabotage du gouvernement Bush – pour négocier un accord de remplacement de Kyoto (une excellente conférence, présidée par Stéphane Dion). Dans le cas de la COP15, tenue à Copenhague en 2009, ce fut la pire COP jamais vue, reconnue comme une catastrophe. Ensuite, l’année d’après à Cancún (une COP miraculeuse) qui, grâce à Patricia Espinoza, la ministre des Affaires étrangères du Mexique, une leader courageuse et rédemptrice, notre foi a été restaurée dans le multilatéralisme et qui, malgré les trahisons de la COP15, a ouvert la voie pour l’Accord de Paris. (Je suis très heureuse de savoir que la nouvelle Secrétaire exécutive de l’ONU Changements climatiques est cette même Patricia.)
Et maintenant, nous nous trouvons dans un monde de COP fades et banales. Les négociateurs agissent comme si nous avons tous le temps du monde. Pourtant, ils savent bien que ce n’est pas le cas.
De plus, il semble qu’il faut attendre le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui ne sera publié qu’en octobre 2018, pour nous dire si les cibles actuelles nous permettront de maintenir la hausse de la température moyenne globale à 1,5 degré Celsius, alors que tout le monde sait que les cibles actuelles sont grandement insuffisantes. Le plus navrant, c’est que les négociations se tiennent comme si les plans de travail et les règles de procédure étaient plus importants que l’accélération de l’action climatique pour ralentir le réchauffement planétaire pendant qu’il est encore temps.
Au cours de la semaine, je vous ferai rapport sur ce que je vois et j’entends. Je suis sur place depuis maintenant deux jours, essayant de m’adapter en terrain peu familier. Contrairement aux autres COP, celle-ci a lieu dans des emplacements différents qui sont bien éloignés l’un de l’autre. Et, je fais partie d’une délégation canadienne qui semble être dans les limbes, où il est impossible de réunir tous les membres de la délégation ou de parler à nos négociateurs ou à nos ministres, à moins que nous soyons aux réunions d’accueil tenues pour tous les Canadiens présents à Bonn. La perte de cette mémoire institutionnelle m’attriste, car elle me rappelle ce que nous avons perdu. Toutefois, il sera peut-être possible de susciter l’intérêt pour un plan d’action accéléré qui sauvera la vie sur Terre.