Ce que vous ratez en voyageant par avion

Elizabeth May

Je profite de mon troisième trajet en train ce mois-ci entre la Nouvelle-Écosse et l’Ontario. Je prends le train pour éviter de contribuer aux émissions de gaz à effet de serre produites par les avions, mais également parce que le voyage en train est une expérience bien supérieure.

Vous savez où vous êtes (en parlant des biorégions). En quittant Montréal pour se rendre dans les Maritimes, on se réveille en pleine forêt acadienne, au Nouveau-Brunswick. Au dîner, on traverse l’une des grandes haltes migratoires de la sauvagine d’Atlantique, les marais de Tantramar. La scène, à perte de vue, se recycle continuellement. On remarque aussi les saisons.

À l’inverse, les voyages par avion se ressemblent tous. L’uniformité n’est interrompue que par la terreur occasionnelle. Les atterrissages forcés pour des urgences médicales. « Les turbulences » qui vous laissent pâle de frayeur et content d’atterrir enfin, n’importe où. Tous les aéroports procurent la même sensation. Tous ont la même ambiance de stress, d’inquiétude et de précipitation. L’allongement des jours passe inaperçu sous l’éclairage fluorescent des aéroports caverneux, monotones et extrêmement sans intérêt.

Je me rends compte à présent combien les paysages de la baie des Chaleurs m’ont manqués à l’automne et pendant tout l’hiver et leurs jours écourtés. Entre chien et loup, les touristes aplatissent leur nez contre la vitre pour apercevoir une dernière fois les paysages du Canada atlantique. Nous nous réveillerons en périphérie de Montréal, ayant presque l’impression d’avoir rêvé ce grand héron bleu survolant la Baie.

J’essaie de travailler à mon dernier ouvrage, Global Warming for Dummies (Le réchauffement climatique pour idiots), rédigé en collaboration avec Zoë Caron, mais je me laisse sans cesse distraire par le paysage (désolée Zoé!). Lorsque la nuit sera enfin tombée, peut-être pourrai-je me concentrer un peu sur mon travail…