Les tactiques diffamatoires des Conservateurs trahissent leur désespoir

Elizabeth May
Il y a deux ans, alors que je me lançais tête première dans une campagne pour briguer la direction du Parti, j’ai déclaré que je saurais que j’aurais fait de véritables progrès comme chef du Parti Vert lorsque les Conservateurs de Stephen Harper commenceraient à s’attaquer à moi. Et bien cette campagne de salissage a commencé beaucoup plus tôt que prévu. En fait, ils ne font que salir ma réputation et manipuler les médias à mon sujet depuis déjà plus d’un an. Soit, ils n’ont pas encore dépensé des millions de dollars en campagnes publicitaires pour moi comme ils l’ont fait pour Stéphane Dion. Toujours est-il que cette semaine a été particulièrement bien remplie au chapitre des petites attaques sournoises, alors que j’ai eu droit à pas un mais deux communiqués trompeurs de la part de Harper.  

J’ai décidé d’ignorer le premier. Le communiqué rapportait à tort que j’avais dit au Devoir qu’il serait préférable de voter pour le Bloc plutôt que pour les Conservateurs. En fait, ceux et celles qui ont pris le temps de lire l’article du Devoir et qui ont la chance de pouvoir lire le français (de toute évidence, les Conservateurs espéraient qu’il s’agirait d’une infime minorité), savent que je n’ai jamais dit une telle chose. En réponse à une question d’ordre général sur les efforts de collaboration, j’ai dit que je discuterais avec le Bloc, et j’ai expliqué que, tout en ayant de profondes divergences avec les objectifs du Bloc, j’avais beaucoup de respect pour certains députés bloquistes. Il n’y a certainement aucun avantage à refuser de discuter avec les autres partis. Qui sait où ces discussions pourraient nous mener? De surcroît, étant donné la crise climatique, nous sommes tous conscients que les risques d’une éventuelle réélection de Stephen Harper vont bien au delà du simple calcul politique. Nous avons très peu de temps pour atteindre les réductions de gaz à effet de serre nécessaires avant de commencer à courir le risque d’être confrontés à un effet de serre galopant. 

Cela m’amène au second communiqué publié cette semaine par l’Alliance conservatrice républicaine du Canada. Celui-là était un coup bas, même venant de Harper. Au moins, j’étais en bonne compagnie. Le second communiqué s’en prenait on seulement à moi, mais aussi à un de mes héros, le sénateur Roméo Dallaire, et à deux députés libéraux que je considère aussi des amis, Garth Turner et John Godfrey. 

Dans ce communiqué, les Conservateurs de Harper ont lâchement sali ma réputation et attaqué mon amour pour le pays. Selon eux, j’aurais déclaré que le Canada avait le pire gouvernement au monde. Les laquais de Harper ont fait valoir que cette déclaration démontrait « une ignorance complète de la situation déplorable vécue par de nombreuses personnes ailleurs dans le monde relativement aux droits de la personne. » Je suis très au fait de ces situations déplorables en matière de droits de la personne. En effet, nous avons tenu une conférence de presse la semaine dernière dénonçant les violations des droits de la personne commises par le gouvernement de la Colombie et enjoint au Canada de ne pas conclure le nouvel accord commercial avec la Colombie. Ce que j’ai dit lors du Congrès des Verts mondiaux à São Paulo (tout le monde peut visionner la vidéo sur You Tube) faisait partie d’un discours sur les changements climatiques et décrivait la réaction des gouvernements du monde entier face à la crise climatique : 

« Je suis embarrassée d’admettre que le gouvernement du Canada a enregistré la pire performance de la planète à ce chapitre. » 

À l’heure actuelle, grâce à la décision du premier ministre Harper de répudier le Protocole de Kyoto, le plan frauduleux de son gouvernement en matière de changements climatiques et son empressement à élargir sans cesse les opérations minières dans les sables bitumineux d’Athabasca, notre gouvernement a enregistré la pire performance de la planète. Sur les 165 nations qui ont signé et ratifié le Protocole de Kyoto, nous sommes la seule dont le gouvernement a une politique officielle qui contrevient à nos engagements internationaux. Nous faisons même l’objet d’une enquête par les Nations Unies pour avoir enfreint des exigences rudimentaires en matière de rapport. 

Le plus insultant avec ces attaques sournoises est que je suis tout à fait convaincue que les Canadiennes et les Canadiens sont les plus choyés au monde de vivre dans un pays aussi magnifique et riche, qui valorise ses collectivités et le partage du bien-être. Je suis très loyale envers le Canada et considère que d’être Officier de l’Ordre du Canada est l’un des plus grands honneurs qui soit. (Soit dit en passant, aucun des autres chefs de parti n’a reçu l’Ordre du Canada.) Étant récipiendaire de l’Ordre du Canada, je « protège nos foyers et nos droits. » Vous pouvez donc comprendre que l'audace de ces vilains petits serviteurs n’a pu que soulever ma colère lorsqu’ils ont publié un communiqué attaquant mon amour pour notre merveilleux pays.

Et c’est alors que l’ironie de la chose m’a frappée. Qui croyez-vous a déjà attaqué les qualités qui font du Canada un pays si généreux et où il fait si bon vivre? 

Voici quelques mots prononcés par nul autre que le premier ministre Harper alors qu’il dirigeait la National Citizens Coalition (coalition nationale des citoyens). 

En voici une provenant d’une lettre qu’il a écrite au quotidien The National Post en 1997 : 

« Le Canada semble heureux à l’idée d’être un pays socialiste de niveau intermédiaire, vantant plus que jamais les merveilles de son économie et de ses services sociaux afin de masquer son insignifiance. » 

Nous pouvons aussi lire d'autres citations du premier ministre. Il a déclaré lors d’un discours prononcé en 1997 devant le Council for National Policy – une organisation de droite : 

« Le Canada est un État providence de l'Europe du Nord dans le pire sens du terme, et en est très fier. » 

Il a fait ces déclarations aux États-Unis. Difficile de ne pas voir un véritable problème avec son amour pour le Canada lorsqu’il prononce de tels discours. 

Tout compte fait, c’est une bonne chose d’être attaquée par les Conservateurs : cela signifie qu’ils voient le Parti Vert comme une menace. Pour la première fois en une semaine, ils ont raison.