L’argument économique en faveur d’une économie à faible teneur en carbone a été présenté par Sir Nicholas Stern, ancien économiste principal à la Banque mondiale et auteur du Rapport Stern, un rapport déterminant pour la lutte contre le réchauffement climatique. Il y a cinq ans, il présentait son analyse économique au gouvernement du Royaume-Uni – prévoyant que l’inaction des nations pour contrer la crise climatique porterait un coup fatal de 7 billions de dollars à l’économie mondiale.
Ce matin, à Cancún, il a apporté des mises à jour à ce rapport. D’une part, il estime que les changements climatiques progressent beaucoup plus rapidement que prévu –la fonte des nappes glaciaires est particulièrement rapide. Son rapport prévoyait la stabilisation éventuelle du climat entre 450 et 550 parties par million. Aujourd’hui, il estime que 450 parties par million constitue le seuil critique.
D’autre part, il affirme que le secteur privé a réagi avec beaucoup plus de vigueur que prévu. Les cinq dernières années ont été fertiles en investissements pour l’avènement d’une nouvelle révolution industrielle. Ce qu'il faut, ce n'est ni plus ni moins qu'une réforme complète de notre économie. Un simple raccommodage de notre économie n'est pas suffisant. Stern a comparé les quatre dernières révolutions industrielles – l’industrie du textile au XVIIIe siècle, le train à vapeur au XIXe siècle, l’industrie automobile et la production de masse au XXe siècle et la révolution de l’information au XXIe siècle. Bien qu’elles comportent toutes de nombreuses différences fondamentales, elles ont en commun plusieurs dénominateurs importants, notamment le fait que chaque révolution fut précédée de trois ou quatre décennies d’investissements massifs et d’activité soutenue.
Dans un tel contexte, les gouvernements sont appelés à jouer un rôle critique en ce qui a trait à la coordination. Ils doivent prendre des mesures appropriées pour corriger les déficiences des marchés. Les émissions de gaz à effet de serre sont une déficience considérable.
Stern croit que, en procédant secteur par secteur, nous pourrons atteindre les cibles requises pour devenir une société carboneutre ou, encore mieux, afficher un bilan carbone négatif... et, du même coup, avoir un impact économique positif.