Les Verts demandent l'abandon des charges contre Meng Wanzhou

Le caucus du Parti vert a publié la déclaration suivante :

Le Parti vert demande au gouvernement du Canada d'exiger que les États-Unis abandonnent les charges criminelles contre la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou et retirent leur demande d'extradition afin que le Canada puisse la libérer. L'administration Trump a abusé du traité d'extradition à des fins politiques. Les États-Unis peuvent choisir de continuer à poursuivre Huawei dans cette affaire ou d'engager une procédure civile contre Meng, mais le Canada ne peut continuer à être utilisé comme un pion dans un différend commercial entre les États-Unis et la Chine

Le premier ministre Trudeau a raison. Nous ne pouvons pas permettre que l'arrestation de Michael Kovrig et de Michael Spavor donne à Pékin ce qu'elle veut, à savoir la libération inconditionnelle de Meng. Nous ne devons pas prendre de mesures qui mettent encore plus en danger les Canadiens et les Canadiennes en République populaire de Chine (RPC) avec le message que « kidnapper nos citoyens est quelque chose d’acceptable ».

Nous respectons l'État de droit et les traités d'extradition que nous avons négociés avec d'autres pays. Nous devons respecter ces principes, mais nous devons également savoir que les pays avec lesquels nous avons conclu des traités ne vont pas abuser de l'État de droit à des fins politiques. C'est ce qui s'est passé dans le cas présent. 

Nous sommes conscients du caractère totalitaire du régime de la RPC. Les Verts ont été cohérents dans leur appel à l'amélioration des droits humains et au développement démocratique en Chine. Nous avons parlé ouvertement de l'occupation du Tibet par la Chine et du traitement des minorités religieuses, des camps de concentration des Ouïghours et maintenant de la nouvelle loi sur la sécurité à Hong Kong. 

Nous avons été clairs sur le fait que l'augmentation des échanges commerciaux avec la Chine aurait dû être subordonnée à l'amélioration des droits humains, de l'État de droit et à la possibilité d'un développement démocratique. Les missions commerciales du gouvernement de Jean Chrétien étaient basées sur la pensée magique que l'ouverture du commerce avec la RPC conduirait à une société plus ouverte et à un développement démocratique. Le gouvernement Harper a ajouté la mise en place de l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) entre le Canada et la Chine, qui donne aux sociétés d'État de la RPC des droits et des pouvoirs extraordinaires pour investir au Canada et remettre en question nos lois et politiques établies démocratiquement. 

Nous nous engageons à maintenir des relations internationales solides pour atteindre nos objectifs communs. Le pouvoir de l'État chinois ne peut être nié. Nous devons être en mesure d'échanger des informations et de travailler ensemble pour lutter contre les menaces mondiales comme la COVID-19 et la crise climatique. Nous ne devons pas abandonner notre engagement en faveur des droits humains et de la démocratie. 

Néanmoins, nous devons exiger que les États-Unis abandonnent leurs charges afin que nous puissions libérer Meng Wanzhou.

Alors que la République populaire de Chine est clairement un régime totalitaire créant une relation problématique avec une démocratie libre comme le Canada, les États-Unis sont censés être notre ami le plus proche, notre partenaire commercial et notre allié. Ils ont abusé de cette amitié, de notre confiance et de notre traité d'extradition. L'administration Trump a dupé le Canada en arrêtant Meng pour des raisons politiques. 

Il est clair que l'administration Trump a demandé au Canada d'exécuter l'ordre d'extradition avec un jour de préavis, non pas pour des raisons juridiques, mais pour obtenir un effet dramatique lors de la rencontre du président Trump avec le président chinois Xi Jinping. La demande de l'administration américaine d'arrêter et d'extrader Meng Wanzhou aurait pu être faite à un certain nombre de pays sur plusieurs mois. Meng Wanzhou voyage beaucoup et aurait pu être arrêtée dans neuf autres pays avec lesquels les États-Unis ont conclu des traités d'extradition, notamment le Japon, le Royaume-Uni, la France, la Belgique et la Pologne, où elle s'est récemment rendue, ou le Mexique, le Costa Rica et l'Argentine, où elle se rendra ensuite.

Il n'y avait aucune raison particulière de l'extrader. Le ministère américain de la justice aurait pu porter les mêmes accusations contre la société Huawei, ce qui est le cas pour d'autres non respects des sanctions contre l'Iran par des sociétés. Les États-Unis pourraient également aborder cette affaire comme une affaire civile contre Meng plutôt que comme une affaire pénale. Rétrospectivement, il semble clair que le moment choisi pour l'ordonnance d'extradition, le 1er décembre 2018, n’était pas anodin, puisque les présidents américain et chinois se sont rencontrés au G20 à Buenos Aires pour discuter d'un éventuel accord commercial. Quelques jours plus tard, M. Trump a proposé d'échanger la libération de Meng contre des conditions favorables dans le cadre de l'accord commercial proposé.

Trump fonctionne comme si tout était traité comme un marché immobilier et les tactiques de négociation ne relèvent pas de la diplomatie, mais de l'intimidation. Le Canada s'est retrouvé impliqué dans cette affaire malgré lui. Pire encore, Michael Kovrig et Michael Spavor ont été pris au piège. Il était tout à fait prévisible que des Canadiens seraient pris en otage dans ces circonstances. Nous condamnons la RPC pour avoir emprisonné des Canadiens innocents en représailles et nous reprochons à l'administration Trump d'avoir créé les conditions pour que des citoyens canadiens soient traités comme des pions dans son conflit commercial avec la Chine.

Entre ces deux superpuissances, nous aurions dû pouvoir faire confiance aux États-Unis pour qu'ils se préoccupent des intérêts canadiens.

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Rosie Emery

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