L’attitude cavalière du Canada à la COP27 ne doit pas se répéter à la COP15

Le Canada est un dangereux récidiviste. Depuis la signature du protocole de Kyoto - il y a 25 ans - le Canada n'a respecté aucun de ses engagements en matière d'action climatique mondiale. 

Il est donc étrange qu’on nous récompense en nous offrant d’héberger une conférence internationale destinée à résoudre une crise de la biodiversité qui découle de la même folie économique que celle ayant provoqué l'urgence climatique. Et pourtant, voici où nous en sommes. Nos dirigeants seront-ils maintenant prêts à aller au-delà de la rhétorique pour s'attaquer véritablement à ces problèmes ? On peut en douter.

Nos gouvernements précédents et actuels sont devenus des experts dans l'art de ne pas tenir leurs promesses. Cette hypocrisie provoque des conséquences désastreuses qui vont bien au-delà de ternir la réputation de notre pays. Soyons clairs : le fait que le premier ministre Trudeau ne se soit pas présenté à la COP27 en Égypte - à laquelle notre député Mike Morrice a assisté (en anglais) - ne sera guère compensé par sa présence cette semaine à la COP15 sur la biodiversité à Montréal. 

La vérité, c’est que les libéraux de Justin Trudeau ont fait bien pire que d’être simplement absents lors de la récente COP27. Pendant que le ministre Guilbeault était en Égypte, son collègue Jonathan Wilkinson,ministre des Ressources naturelles, a déclaré à la Chambre que " le passage vers un avenir à faible émission de carbone peut être accompli sans éliminer progressivement le secteur pétrolier et gazier du Canada ". Il est allé plus loin en affirmant que " la cause des changements climatiques n'est pas les combustibles fossiles eux-mêmes, mais les émissions de carbone associées à leur production et à leur combustion. " Est-ce la raison pour laquelle les libéraux ont accepté d’offrir plus de licences d'exploration pétrolière au large de Terre-Neuve pendant la COP27 ?

Comme d'autres ministres libéraux, notre ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, aime souligner que nous pourrions en faire plus, mais que nous en faisons déjà beaucoup et que des progrès sont en cours. 

Désolé, Steven - ce n'est tout simplement pas suffisant. En ne démontrant aucun leadership et en faisant le choix de pratiques non-éthiques, le Canada s’est classé comme le pire pollueur des pays du G7.

Quand le gouvernement que tu représente achète un pipeline qui viole les droits des autochtones et menace des espèces marines menacées, approuve des projets de forage en eaux profondes, et donne le feu vert à de nouveaux projets d'exploration pendant la COP27, il faut nous excuser de ne plus te prendre au sérieux. C’est une blague monumentale. C’est presque aussi drôle que d’accueillir une conférence internationale sur la biodiversité tout en permettant à des entreprises étrangères de violer les droits des autochtones pour couper à blanc de vieilles forêts fragiles dans certains des territoires les plus précieux sur le plan écologique du Canada tout en diluant les réglementations sur le commerce forestier(en anglais)... 

Oui, l'hypocrisie évidente du Canada serait comique si elle n'était pas aussi dangereuse. Le double échec de notre pays à réduire sa production de combustibles fossiles et à protéger ses écosystèmes essentiels à l'équilibre écologique de la planète ne fait pas que nous placer du mauvais côté de l'histoire. Ces échecs perpétuent l'inégalité mondiale dont nous, et d'autres nations du Nord, profitons depuis si longtemps. Et ils tuent des Canadiens, ainsi que des gens partout dans le monde. Rien qu'en 2022, des inondations dévastatrices au Pakistan, des sécheresses en Chine et en Europe, des vagues de chaleur, des ouragans et de violentes tempêtes ont touché des millions de personnes. L'an dernier, plus de 600 personnes sont mortes lors d'une vague de chaleur historique en Colombie-Britannique.

Il ne fait aucun doute que nous perdons un temps précieux sous le "leadership" conjoint des libéraux et du NPD. Ils sont aussi obsédés par le pétrole que les conservateurs. Alors que les Canadiens ont du mal à mettre de la nourriture sur la table et à payer leur loyer, l'alliance Trudeau-Singh continue de distribuer des milliards de subventions à l'industrie privée des combustibles fossiles qui pille nos ressources naturelles. 

Soyons clairs : le "zéro net d'ici 2050" n'est pas suffisant pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 ou 2 degrés Celsius. Nous devons être "net-négatif" le plus tôt possible, et pour cela, nous devons réduire nos émissions de 60 % d'ici 2030, et atteindre un pic avant 2025.

Alors que la COP15 est en cours, le Parti vert du Canada demande au gouvernement canadien d’arrêter de faire de l'obstruction et de montrer la voie et l’exemple. 

Il est temps de faire preuve d'un véritable leadership en matière de biodiversité et de climat. Pour ce faire, il faut éliminer progressivement les combustibles fossiles et mettre en place un plan ambitieux pour restaurer et protéger de vastes étendues de territoire canadien riche en biodiversité, de commun accord avec les premières nations et peuples autochtones du Canada. 

Afin de répondre aux préoccupations soulevées ci-dessus, le Parti vert du Canada propose un plan de transition juste qui comprend :

  • L'annulation immédiate de tous les nouveaux projets de combustibles fossiles tels que l'expansion de Trans Mountain et le projet de forage de Bay du Nord, ainsi qu'un engagement total à éliminer progressivement les projets existants; 
     
  • Une interdiction immédiate de la fracturation hydraulique (fracking) ;
     
  • La fin immédiate de toutes les subventions aux producteurs de combustibles fossiles, avec un investissement plus important dans la production d'énergie renouvelable et la réduction des inégalités ;
     
  • Un soutien aux travailleurs de l'industrie des combustibles fossiles et leurs familles pour qu'ils transitionnent vers des industries plus durables, et des modèles alternatifs de soutien pour ceux qui ne sont pas en mesure de le faire, comme des fonds de retraite anticipée, etc. ;
     
  • Un programme de protection environnementale ambitieux désignant de larges pourcentages du territoire canadien pour la restauration et la protection, avec le consentement des  premières nations et peuples autochtones du Canada et un mécanisme de surveillance et de suivi transparent et indépendant.

 

Farrukh Chishtie, Parti vert du Canada, co-critique pour l'environnement et les changements climatiques.
Devyani Singh, Parti vert du Canada, co-critique pour l'environnement et les changements climatiques.