Déclaration du Parti vert sur l'arrêt d'urgence de la centrale nucléaire de Point Lepreau

Mercredi dernier, 14 décembre, une panne d'électricité est à nouveau survenue à la centrale nucléaire de Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick, sur la magnifique baie de Fundy, forçant un arrêt d’urgence coûteux et potentiellement dangereux du réacteur. Une fois de plus, les Verts canadiens appellent à la prudence, alors que le gouvernement fédéral continue à financer le développement de nouvelles technologies nucléaires, appelées petits réacteurs modulaires (PRMs), tel que les projets ARC-100 et Moltex.  

La Coalition pour le développement responsable de l'énergie au Nouveau-Brunswick (CRED-NB) a demandé au ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, d’examiner le projet ARC-100 SMR en vertu de la Loi sur les études d'impact (EI).  Les Verts exigent qu'aucune nouvelle installation nucléaire ne soit exemptée d'une EI fédérale. Pourtant, la plupart des projets de SMR actuellement répertoriées auprès de la Commission canadienne de la sûreté nucléaire seront probablement exemptées. Le ministre doit rendre sa décision sur l'ARC-100 d'ici le 2 janvier.

« Quelle est la faisabilité économique du projet ? » demande l'ancienne candidate du Parti vert du Canada de la région, Ann McAlister. « Étant donné que le réacteur ARC SMR possède un liquide de refroidissement au sodium - ce qui signifie que ses déchets deviendront une nouvelle catégorie de déchets hautement radioactifs et corrosifs - quel sera l’impact du projet sur les plans existants de stockage des déchets radioactifs? »

Un deuxième modèle expérimental proposé par Moltex Energy soulève des préoccupations en matière de prolifération nucléaire, car il propose d'extraire le plutonium du combustible nucléaire usagé. Le plutonium est utilisé dans les armes nucléaires. Bien que les gouvernements et l'industrie qualifient à tort ce processus de "recyclage", il est connu sous le nom de « retraitement. » Ce processus a été officieusement interdit après que l'Inde ait détoné une arme nucléaire en 1974 à partir d'une technologie et de matériaux provenant du Canada. Compte-tenu de ces préoccupations et bien d'autres, plus de 120 groupes à but non lucratif appellent à un moratoire sur les nouveaux projects de développement de la technologie nucléair

Le retraitement nécessite la liquéfaction du combustible usé solide utilisé par les réacteurs CANDU en opération au Canada. De nouveaux flux de déchets nucléaires plus toxiques seront générés.  Entre-temps, le Canada et les pays du monde entier n'ont toujours pas de moyen sûr de stocker les déchets nucléaires existants pour les centaines de milliers d'années lors desquelles ceux-ci demeureront radioactifs. 

D'autres projets nucléaires de nouvelle génération sont prévues à Chalk River, sur la rivière des Outaouais, et à Darlington, juste à l'est de la région du Grand Toronto. 

Les mines d'uranium et leurs lacs de résidus polluent notre précieux Nord pour les millénaires à venir, avec un impact direct sur les communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits qui n'ont pas été suffisamment consultées. Les Verts canadiens demandent la fin de l'exploitation des mines d'uranium depuis 1988

Les Verts demandent instamment aux médias canadiens et au public de se renseigner à l’endroit de ces nouveaux projets nucléaires, des entreprises à l'origine de ces technologies (souvent des producteurs d'armes nucléaires), et de se demander pourquoi ces projets reçoivent des millions de dollars de subventions des contribuables si elles ne sont pas suffisamment intéressantes pour les investissements des entreprises privées.

Une valeur de base du mouvement Vert est la sagesse écologique : vivre en harmonie avec la nature.  Plutôt que de dépenser des millions de dollars sur des technologies non-sécuritaires ou efficaces, un gouvernement vert se concentrera à appuyer des rénovations vertes pour accroître l'efficacité énergétique à travers le pays, de même que les énergies renouvelables et les réseaux électriques intelligents.  Ces technologies sont moins chères, existent déjà, mettent le profit entre les mains d'une main-d'œuvre mieux répartie et ont un impact moindre sur l’environnement. Elles permettront de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de préparer nos infrastructures locales à l'ère du changement climatique.

Par Sarah Gabrielle Baron, B.A., B.Ed.

Critique nucléaire, Parti vert du Canada